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Harry une grenouille qui vous veut du bien

Depuis leur création, les éditions Les Moutons Electriques font montre d’un soin tout particulier apportée aux ouvrages qu’ils publient au compte goutte. Dans la même veine, pari lancé, le tout premier roman signé par un jeune auteur déjà  prometteur, ne déçoit pas. Avec un talent certain, Laurent Queyssi signe ces jours-ci, un roman déjanté qui, c’est sûr, ravira les fans de romans de SF cocasses et caustiques. On vous le garantie ! Cette chronique est parue dans Galaxies, n°42, de Printemps 2007.

Laurent QueyssiLe pitch ? La vie plus que curieuse d’une grenouille « intelligente ». Doué d’un drôle de logos, Harry est le genre de grenouille au cerveau modifié, ou pourrions-nous plutôt dire, « humanisé ». Impossible de passer à côté de cet être vivant étrange et loufoque. Auteur du roman que vous avez entre les mains, Harry se raconte et raconte sa difficile tâche de vivre dans un monde où il se trouve être la seule grenouille qui pense.

 

Pourquoi ? Est-ce parce que, tel qu’il s’obstine à le dire et le penser : «  L’intelligence continu de faire peur ».

 

De fait, c’est avéré, les implants dont Harry a bénéficié ont fait de lui une grenouille hors norme, capable à la fois d’une sensibilité humaine des plus délicates, comme de pulsions sexuelles qui en font une grenouille qui ne ressemble à aucune de ses congénères.

 

Avec ça, ajouter un vrai talent d’écrivain, et vous êtes en présence de la seule grenouille capable de vous racontez des récits d’espionnage, et un journal intime fragmenté et déjanté.

 

Le pari de Laurent Queyssi est alors posé : nous raconté la vie d’une grenouille saine et intelligente dans un monde malade et stupide. Y mêler de belles aventures d’espionnages prenant place dans les années 60, mêlées au genre si cocasse de l’uchronie.

 

Après vous êtes faits à l’idée qu’une grenouille puisse à la fois mieux penser et mieux s’écrire que vous ne pourriez le faire, tâchez d’abandonner l’idée qu’il y ait eu la moindre conquête spatiale. La science s'est en effet orientée, si l’on s’en tient au texte de Harry, vers la recherche en matière d’implants et d’intelligence artificielle. En a résulté la création d'un réseau mondial appelé « intanciel ». Cette fracture avec le réel que nous croyons si bien connaître, a eu lieu durant l’année 1957, alors que Nicolaï Amosoff  faisait cette magnifique découverte en matière de technologie des implants neuronaux.

 

Ajoutez-y quelques terroristes furibards qui n’ont en tête qu’une seule chose : faire exploser le réseau mondial encore à l’état d’expérimentation, et vous tenez, c’est garanti, l’un des ingrédients qui font de ce roman un détonnant objet où s’y rencontrent James Bond, Les Beach Boys, Jerry Cornelius, ou encore un bel hommage au Cyberpunk.

 

Le cocktail, je vous l’accorde, est explosif. Et le roman plutôt original. Une originalité qui tient surtout à la très grande culture de l’auteur en matière de rock’n’roll, comics books, romans d’espionnage et anticipation. Le détonant Neurotwistin’  explore tous les domaines de la culture et de la contre culture : épistémologie, BD,  pop culture, hard-science,  rock’n’roll.

 

La toute première partie du roman, nous raconte avec humour et cynisme, l’histoire d’une grenouille aux neurones humaines, aux aventures aussi chaotiques que déjantées, n’est qu’un prétexte pour explorer, sous un autre angle, la question de la modification génétique, la question éthique des implants neuronaux. On y verra peut-être même une mise en question existentielle de la définition même de l’homme et de l’animal. En effet, qu’est-ce donc que l’humain ?

 

La magie du récit fonctionne. C’est le moins que l’on puisse dire. On suit avec beaucoup d’attention les péripéties de ce vert-héros. Des péripéties d’ailleurs illustrées, et avec un talent certain, par quelques compositions de dessinateurs tels Rémy Cattelain, Al Covial, ou encore Tanxxx.

 

On peut alors vous le garantir sans crainte : les intrigues feront la joie des amateurs du genre, et la philosophie décalée du héros de Laurent Queyssi, pris en sandwich entre fiction et réalité, ne pourra que vous faire réfléchir. Notre bonne grenouille aux neurones génétiquement modifiée a un avantage sur l’ensemble de l’humaine espèce : Harry est une grenouille heureuse. Qu’en est-il pour vous ?    

 

Laurent Queyssi, Neurotwistin’, édtions Les Moutons électriques, avril 2006.

laurent queyssiChronique parue dans Galaxies, n°42, de Printemps 2007.

 

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