Entretien avec Dominique Maisons
Dominique Maisons a sorti un premier roman en 2011, Le Psychopompe, qui a reçu le prix VSD. Depuis, on le considère comme le nouveau grand espoir du thriller français. Il a sorti un autre roman de 500 pages l'an passé, Le festin des fauves, et un troisième, absolument magnifique qui se déroule dans le vieux Paris de la Belle époque, ces jours-ci : On connait le nom des assassins. Cet entretien est paru dans le Grand Genève magazine. Il est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.
Marc Alpozzo : Bonjour Dominique, tu viens de sortir un nouveau roman, c’est un roman policier qui se déroule au 19ème siècle, dans l’esprit des feuilletons policiers de l’époque, pourquoi ce choix ?
Dominique Maisons : Parce que cette époque était passionnante, bouillonnante et pleine de résonances avec celle que nous vivons. Paris était le centre du monde, une ville frontière où se définissait l’avenir du monde, bien plus intéressante que la ville musée qu’elle est devenue. Plus brutale, plus indisciplinée, plus libre… Un terrain formidable pour un roman policier.
M. A. : Comment es-tu arrivé à la littérature policière ?
D. M. : Par la lecture d’abord, ce qu’on lit conditionne toujours un peu ce qu’on écrit. J’aime les intrigues, les romans populaires (de qualité), et le divertissement.
M. A. : Où trouves-tu ton inspiration ?
D. M. : Difficile à dire… pour employer une image fraiche et printanière, un auteur est une sorte de grand tube digestif, il avale tout ce qui l’entoure, du quotidien banal à ses lectures les plus étonnantes, puis, il malaxe le tout sans le savoir et une sorte de filtre s’opère, des éléments s’imbriquent les uns dans les autres naturellement autour d’un cadre qu’on a pré-établi…
Dominique Maisons
M. A. : Ton deuxième opus se déroule dans les milieux libertins et SM, et met en scène un mystérieux Judex qui veut nettoyer les milieux huppés des hautes sphères sociales. Est-ce que tu crois qu’on peut dire que tes livres sont justement une critique sociale de notre époque ?
D. M. : Oui et non. Ce sont avant tout des romans de divertissement. Si je m’amuse à y glisser des messages c’est parce que ces messages s’intègrent bien à mon intrigue et non pas le contraire. La nuance est de taille, je pense que je pourrais passer des messages contraires à ce que je pense (dans certaines limites tout de même), si je trouve que ça aide mon projet qui est et restera un projet ludique.
M. A. : Comment vis-tu l'écriture de romans aussi noirs ?
D. M. : Assez facilement, c’est un jeu, une construction esthétique et narrative. Tout ceci n’est pas réel, nous sommes des héritiers du Grand-guignol, il faut prendre du recul et savoir en sourire. Ce ne sont pas les scènes les plus violentes qui peuvent être dures à écrire, ce sont souvent les plus intimes, les plus simples, les plus justes qui peuvent émouvoir et laisser des traces. On s’attache à ses personnages par leurs failles, leur humanité, pas par leurs faits d’armes les plus saignants…
Entretien avec Dominique Maisons dans le Grand Genève magazine
M. A. : A partir de quoi construis-tu un livre ? D'une simple idée ? D'un fait divers ? D'une trame établie à l'avance ?
D. M. : Tout est planifié, mais comme dans le Jazz, il faut toujours laisser une bonne place à l’impro. Il ne faut pas fermer la porte aux idées qui viennent en cours de route, au contraire, il faut préparer une trame assez souple pour pouvoir être manipulée selon les besoins.
M. A. : Pourquoi as-tu choisis d'écrire des romans policiers ? Par goût ? Par obligation ? Une fascination pour les perversions de notre société postmoderne ?
D. M. : Par plaisir, tout simplement. C’est le genre qui me donne le plus de plaisir comme lecteur, et comme auteur. Maintenant, je n’exclus pas, un jour, de tenter la blanche. J’en lis aussi beaucoup, aucune raison de me l’interdire…
M. A. : As-tu un livre en préparation ? De quoi parlera-t-il celui-là ?
D. M. : J’ai plusieurs pistes, la suite d’ « On se souvient du nom des assassins » et deux autres. Je m’y mettrai dans quelques semaines. Pour l’instant, il est encore un peu tôt pour en parler.
Entretien paru dans le Grand Genève magazine
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Le psychopompe, éditions Nouveaux Auteurs, 2013
Le festin des fauves, éditions de La Martinière, 2015
On connait le nom des assassins, éditions de la Martinière, 2016