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L'écriture inclusive ou le massacre idéologique de la langue française

Le 17 novembre 2021, le pronom « iel » entre dans Le Robert. Ce pronom définit une personne ne se reconnaissant pas dans un genre binaire, crée alors la polémique, d'autant que, jusque-là, un dictionnaire reprenait un mot que l'on trouvait dans le langage courant, alors que dans ce cas précis, Le Robert semble souscrire tout simplement à l'idéologie. Or, si certaines voient dans l'écriture inclusive une « ressource linguistique disponible » (je pense à Julie Neveux entre autres, voir Je parle comme je suis, Grasset, 2020), reconnaissons qu'elle est surtout une grande menace pour notre langue, sa cohérence et sa compréhension. Cette tribune est parue dans le site de la revue Entreprendre. Elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.

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Car, tout de même, peut-on être sûr qu’elle restera comme cela, une option joyeuse, un moyen (efficace ?) d'équilibrer les usages du masculin et du féminin ? Que nenni ! Si les points médians (si ridicules) ne dureront pas dans le temps (impraticables, disons-le !) la réalité de l'écriture inclusive, recouvre un combat social et politique. Soyons clair : nous ne sommes désormais plus ici, à la recherche d'une égalité saine et honnête entre les sexes. Nous sommes là dans une posture, et surtout une dialectique de combat entendant inverser les rapports dominants/dominées. Or, dans ce grand mouvement entropique d’où émerge un déconstructionnisme global, l'écriture inclusive sert de surligneur idéologique.

 

Celles (et ceux) qui s'en servent entendent bien d'ailleurs en faire un marqueur de droit, et toute personne qui oserait dire que c'est laid ou difficilement compréhensible sera tout simplement vouée aux gémonies, taxée de réac' (mot désormais à la mode pour disqualifier son adversaire sans le combattre !), bientôt criminalisée, et pourquoi pas naziée s’il le faut, avant d’être bannie de la communauté humaine, par une mise à mort sociale sans partage.

 

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Et si toute la littérature était réécrite à partir de l'écriture inclusive ?

 

Alors, imaginez juste un instant, que toute la littérature soit réécrite à partir de l'écriture inclusive ! Imaginez la révolution, ou plutôt l’involution, le chaos qui s’en suivrait... J’en ai déjà des frissons !

 

Si certaines évolutions de la langue sont salutaires, celle-ci n’a rien à voir avec une évolution de la langue, même grammaticale ; elle est politique ; et cela revient en réalité à refondre en profondeur, non la langue pour qu’elle exprime mieux les complexités et les plis de la vie, ce que s’essaye à faire un écrivain (voir par exemple le travail du style d’un Louis-Ferdinand Céline) mais c'est en réalité, une attaque en règle du patriarcat ; le but de la langue inclusive étant de dynamiter une supposée domination des hommes sur les femmes, sans que le moindre effet sur la place des femmes dans la société ne puisse être notée objectivement.

 

Or, c’est d’autant plus une erreur, voire une hérésie, qu’aucune langue, même policée, ne saurait nous prémunir de la domination ou de l'idéologie et, si la langue anglaise marque plus souvent la neutralité entre les sexes que la langue française, en utilisant des mots épicènes, nous n'avons pas noté moins de sexisme ou d'absence du patriarcat, dans les pays anglo-saxons, pour autant. L'écriture inclusive est donc essentiellement idéologique, en plus d'être un problème pour la personne handicapée et les enfants en apprentissage.

 

Je pense que la loi devrait plutôt protéger la morphologie de la langue que l'idéologie néo-féministe qui entend imposer par la déconstruction de la grammaire (que les néo-féministes accusent d'être « machiste »), une arme de guerre pour façonner nos esprits. Je pense qu’on se trompe pourtant de combat ; pour moi, l'écriture inclusive est un militantisme féministe plutôt qu'une lutte pour l'égalité des représentations. Or, c’est tout du moins la nouvelle arme de destruction massive moderne d’une vraie guerre des sexes qui n’a jamais cessé depuis les années 70. L’arrivée sur la zone de combat du pronom « iel », ainsi que celle de ces « e » et ces points médians que l'on ajoute et qui alourdissent la langue, n’est donc rien d’autre qu’une nouvelle forme de bataille consciente ou inconsciente que mènent les féministes, non pas, au nom du Bien, du Beau et du Vrai, mais au nom d’une haine vouée au patriarcat, au patriarche et peut-être aussi, au père, qui sait ?

 

Conclusion (provisoire) : À force de voir du patriarcat partout, ces militantes néo-féministes finissent par couper les cheveux en quatre, et comme le disait Jacques Chirac dans un langage fleuri (à propos d'un tout autre sujet), elles enculent une mouche qui ne leur a rien demandé.

 

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Tag en écriture inclusive (Paris, 2019)

 

En ouverture :
Photo à Fontenay-sous-Bois, 2018.

Commentaires

  • Merci pour votre article. Je suis bien d'accord que la loi devrait protéger la morphologie de notre langue plutôt que l'idéologie neo-féministe. Mais le progressisme militant semble difficile à combattre, tant il se pare de toutes les vertus... La culture de la victimisation est au cœur de l'idéologie woke, et la victime doit être sacralisée. Plus que la langue semble-t-il. C'est ainsi que la morale triomphe... (Article également très fouillé et très intéressant sur la question de Pierre Valentin, étudiant en sciences politiques ici : https://www.fondapol.org/etude/lideologie-woke-1-anatomie-du-wokisme/)

  • « Iel » ne rentrera pas dans Le Petit Robert imprimé et c'est tout autant tant mieux que justice.

  • Perversité et masochisme.

  • Conséquence ô combien normale d’une vie passionnante doublée d’une curiosité exacerbée et d’un sens aigu des enjeux d’aujourd’hui

  • " iel est beau" ou " iel est belle"? Cette révolution de l'écriture inclusive s'éteindra d'elle-même. Elle vient d'extrémistes qui n'ont pas compris que le genre en français ne repose pas sur le sexe. On dit "une tortue", que l'animal soit mâle ou femelle, " une personne" que celle-ci soit homme ou femme. J'ai déjà publié un article à ce sujet avec une citation de Jean-Francois Revel.

  • Moi non plus, je n'adhère pas à l'écriture inclusive! Cependant, il est bon de rappeler l'historique de la langue et d'évoquer Vaugelas qui a déclaré que "Le mâle l'emporte sur la femelle", de préciser qu'il existait
    une règle de proximité avec l'accord avec le dernier nom ("Les hommes et les femmes sont belles") et d'expliquer que des féminins telles peintresse, autrice, lieutenante et autres existaient déjà et ne sont pas des créations actuelles, le mot "défenderesse" subsiste d'ailleurs en droit. Madame de Sévigné utilise plusieurs fois le terme d'autrice dans ses écrits. Non à l'écriture inclusive, oui à la linguistique diachronique, à l'histoire de notre langue dont Aimé Césaire disait qu'elle était "notre vraie patrie".

  • Les illusions d'un progrès et d'une égalité factice qui ne rime à rien, sinon à hystériser celles qui ne demandent qu'à l'être et discréditent la cause qu'elles prétendent défendre...

  • Encore un, qui regarde la vie uniquement dans le rétroviseur, genre Zemmour.

    Zapp.

  • L' #Eurovision, c'est la soirée des iels par excellence ! Des elfes, des androgynes, des ingénues, des hermaphrodites, à poils, à plumes, à fleur de peau, un étrange défilé. En comparaison, même le troisième sexe, c'était du classique. Une biodiversité mutante et invasive, ce doit ètre le réchauffement climatique.

  • C'est laid et ça gâche la lecture de textes dont le fond est pourtant intéressant !

  • Oui c'est une honte comme toutes les débilités portées par le socialisme sous prétexte d'égalité, accentue les divisions aux profits de minorités agissantes au détriment du plus grand nombre. Tolérance des minorités --> ok, intolérance de ces minorités --> nok

  • Ha quelle joie de discuter du sexe des chaises et des fauteuils, qui montrent bien l'androdominance des dénominations !

  • On a touché le fond avec ces conneries

  • Ce monde devient fou !
    Quel nombrilisme.....beurk

  • Vu que Valentina Terechkova est déjà allé dans l'espace,
    Que Marguerite Yourcenar à déjà été élu à l'Académie,
    Que Marie Curie a eu le prix Nobel de physique,
    iels n'avaient pas autre chose à proposer pour se faire remarquer...

  • Selon moi, cet article ne dénonce pas l'écriture inclusive, mais l'idée supposée (pour reprendre les termes de l'auteur) d'un patriarcat: c'est affligeant!
    Dans un autre registre, je conseillerai à ce monsieur d'éviter l'utilisation excessive des parenthèses, qui dessert clairement son propos en le rendant illisible.

  • J’aurions écrit pronom(e) personnel(le)
    J’eu bon ou que nenni ?

  • Fabriquant des réalités ou fabricantes de réalités... Gardons les subtilités de la langue française !

  • La langue française est encore une langue VIVANTE. Si elle n’invente pas ni n’importe des éléments nouveaux, elle aura alors une tendance à la fermeture et donc à une langue morte. De tous temps elle a évolué et continuera. Depuis et tant qu’elle sera vivante il y aura des conservateurices qui s’élèvent tout haut et fort pensant qu’iels détiennent le savoir tout puissant. Vous pouvez tout à fait continuer à vous indigner mais vous brassez de l’air. Ce n’est évidement pas une surprise qu’un homme soit auteur de cette tribune.

  • Je copie, à la source, un commentaire que je viens d'écrire à quelqu'un qui a partagé votre article :

    Si seulement cet article critiquait vraiment l'écriture dite inclusive (bien plus large et intéressante que ce qui y est décrit), mais non. Tout d'abord, il n'apporte pas grand chose au débat, mais surtout il nie l'importance (la réalité ?) du patriarcat, donc du machisme.

    "Alors, imaginez juste un instant, que toute la littérature soit réécrite à partir de l’écriture inclusive ! Imaginez la révolution, ou plutôt l’involution, le chaos qui s’en suivrait… J’en ai déjà des frissons !"
    >>> Imaginez juste un instant que la littérature visibilise vraiment les femmes ! Imaginez-les en héroïnes, en références, loin des clichés réifiants, imaginez que le féminin l'emporte sur le féminin. J'en ai déjà des frissons, de curiosité !

    C'est vraiment si douloureux que ça, qu'on veuille du féminin pour parler de nous ?

    (Ceci dit je suis opposée à "iel" dans la plupart des cas, mais pour qu'une discussion authentique ait lieu... encore faudrait-il savoir définir "écriture inclusive".)

  • L'écriture inclusive est bien trop souvent confondue avec le point médian, lequel n'en est qu'une manifestation marginale généralement mal employée. Mais dire "mesdames et messieurs", c'est déjà de la langue inclusive.

  • C est incroyable cet acharnement. Est ce une façon pour elles d exister? Je trouve cela abject et bête

  • Sébastien Haton Tout à fait ! Ce sujet est l'opportunité de se poser des questions en tant que collectif pour décider ensemble de la façon dont la langue représente les phénomènes (le genre humain et ses genres, notamment). C'est un beau débat en soi, qu'il serait dommage de réduire à une guerre des genres.

  • Très belle idée, la règle de proximité.

  • Anne-Marie CLAIRE Règle qui a été ainsi édictée dans le but avoué de formater les femmes à accepter la domination masculine, effctivement. On aurait pu dire "En Français, le neutre s'écrit comme le masculin". Mais là c'est les mecs qu'auraient pas apprécié.

  • Christine Zedday D'autant plus que ce n'est pas du neutre... Un genre qui englobe les deux sexes est l'inverse du neutre. Dans les langues où il existe vraiment, on l'appelle le commun.

  • Je comprends qu'il faille trouver une ligne de parité entre les hommes et les femmes mais ça tourne à l'obnubilation et la radicalité ...c'est la mode des minorités qui excluent l'avis du plus grand nombre et mettent en péril l'idée même de démocratie et les exemples pullulent aujourd'hui

  • Christine Zedday Le neutre et le masculin ont fusionné dans la forme, mais de facto le neutre a disparu en tant que genre en français. Le masculin n'est pas "devenu" le neutre.
    Pour ce qui est du commun, les grammairiens à ma connaissance ne considèrent pas le masculin français comme du commun, mais seulement comme un genre englobant (ou "non marqué") dans certains contextes mais pas tous. Le fait est que ce genre non marqué peut générer des ambiguïtés qu'un vrai neutre ferai disparaître.
    En tout cas, c'est un débat qui n'est pas tranché.

  • @Julien Nadjl Discréditer auprès de qui au juste ? Hystériser : encore un propos bien remplis d’égalité

  • Sans toutefois m’avancer sur un terrain » glissant, je pense que le débat sur la langue et certains de ses aspects ne sera pas seulement comprimé dans ce qui relèverai d’une idéologie . Je pense aux différents discours qui visent à réduire la langue à ce qu elle a d’essentiel: la communication . Il y’a quelques années le problème de l’orthographe a poussé certains à revoir afin de réduire les exigences : (ph ) à remplacer par (f), le (t)par le (s ). Puis, on a pensé à l’apprenant qui peine à faire la différence entre le son (K)qu’on trouve dans des mots c, q ,..Enfin on a pensé faciliter les règles du participe passé . L’Academie n’arrête pas a faire tourner Molière dans sa tombe à chaque problématique. On est loin de Raymon Quenau . Maintenant, l’inclusion et le facteur inclusif que l’on attribuerait à une certaine reconnaissance de la communauté LGBTQ, exposée à l’intimidation et à l’exclusion . Le facteur touche la langue et on voudrait l’intégrer comme une forme de volonté à se faire parler d’elle , là, la gente féminine met encore l’Académie française face à un débat, un défi .Acceoter le (iel) n’ajoute en rien et ne réduit en rien la valeur linguistique du français . Il faut juste savoir si on va s’arrêter à ce niveau ,

  • la mode des minorités, en péril la démocratie, obnubilation et radicalité, votre message me semble bien remplis de haine monsieur. Vous sentez-vous en danger face à ces femmes qui demandent d’être reconues au même titre que leurs pairs masculins? La démocratie de qui est en péril au juste? Celle écrasante des hommes libres face aux femmes qui ne le sont pas encore ou le sont un peu plus ?

  • Natacha On parle de langue inclusive madame ...je recentre le sujet si vous voulez bien..pour le reste , je suis bien entendu tout à fait d'accord avec votre vision du monde ( la libertés des femmes , fin du patriarcat etc..) et je n'ai de haine pour personne..je dis juste qu'il ne faut pas tout mélanger et que la radicalité vue au travers le prisme de la langue (ou autre) est toujours dangereuse..ne pas confondre le bon sens et l'absurde logique de quelques énervés(ées)

  • Oui c'est une honte comme toutes les débilités portées par le socialisme sous prétexte d'égalité, accentue les divisions aux profits de minorités agissantes au détriment du plus grand nombre. Tolérance des minorités --> ok, intolérance de ces minorités --> nok

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