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Simone de Beauvoir ou le génie féminin II. Le double discours féministe

Du temps de Simone de Beauvoir, une femme ne pouvait s’exprimer, ni même donner son point de vue. Elle n’avait pas non plus la liberté d’opinion ou financière, et elle devait s’en remettre à l’autorité des hommes.  C’est la raison pour laquelle l’auteure invite les femmes à militer, en se servant de l’écrit ou de toute autre forme de revendication. C’est seulement une fois que les femmes auront conquis leur liberté qu’elles pourront réaliser la prophétie, c’est-à-dire affranchie, ne plus être son esclave de l’homme (« brisée son servage », « donné son renvoi »), ne plus être à son service. Elle pourra exprimer le génie féminin. Mais comment donc Simone de Beauvoir en rend-elle compte ?

 

Pour mémoire : Simone de Beauvoir ou le génie féminin (I)

 

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Mais Simone de Beauvoir hésite sur le devenir de la créativité féminine, son originalité. En effet, les femmes n’ont pas jusqu’ici eu l’opportunité et la possibilité d’exprimer leurs idées et créativité, selon elle. Et si la femme est nécessaire à l’avenir des hommes, il lui faut encore prôner un seul monde où les deux sensibilités masculine et féminine sauront coexister et se nourrir mutuellement. Puisque jusqu’ici, les femmes ont vécu dans un monde d’idées façonné par les hommes. C’est alors que Beauvoir se questionne sur le monde d’idées que les femmes seront amenées à développer dans le futur et si ce dernier sera similaire ou différent. Toutefois, il est peut-être étonnant de constater que ce monde des femmes à venir, semblera, dans la tête de l’auteure, très proche des idées développées par les hommes. Comme si Beauvoir ne croyait pas vraiment à l’existence d’un génie féminin propre, niant ainsi les femmes qui avant elles ont pourtant écrit, depuis Christine de Pisan au Moyen-âge.

 

Mais alors que peut vouloir dire une grande œuvre pour Beauvoir ? Si l’on pose cette question à un théoriste du « goût » depuis l’Antiquité en passant par le XVIIIe siècle, certainement que la réponse peut varier considérablement en fonction de qui y répond, mais ce qui est sûr c’est que l’on n’est jamais à s’accorder sur la réponse. Il n’y a donc aucune objectivité ni universalité du « bon goût ». De plus, dès le XVIIe siècle, il est à noter que des écrivaines comme Madeleine de Scudéry, précurseur du roman moderne, mais encore Mme de Lafayette, avec La princesse de Clèves, ont laissé des chefs d’œuvres. Ne peut-on pas aussi dire que les XVIIIe et XIXe siècle, et tout autant le XXe, qui est l’époque où Beauvoir écrit, ne regorgent pas de grandes romancières, ayant produit des œuvres parfois conséquentes et de grande valeur ? Ne sont-elles pas restées dans l’ombre à cause de confrères masculins et de diverses institutions qui se sont obstinés à les dénigrer, les dévalorisées ou les oublier, comme ça été longtemps le cas de Jane Austen, George Sand ou encore Colette ?

 

À lire Simone de Beauvoir, il semble que l’objectif était bien d’atteindre une juste représentation de la femme, en procédant à un rééquilibre des points de vue et donc une vision moins biaisée de l’histoire et des réalisations littéraires et artistiques qui ne sont bien sûr pas l’apanage des hommes, toutefois, l’auteure semble souvent méconnaître ou volontairement ignorer tout ce passé, cette histoire littéraire riche des femmes et parle comme si les femmes de son temps partaient d’une tabula rasa, autrement dit d’une terre vierge sans racines. Lorsqu’on lit Beauvoir, il semble que ce que les femmes ont écrit et publié jusqu’alors n’a guère de valeur. C’est donc cette sorte d’amnésie, plus forte encore que l’omission qu’il s’agit de souligner. Beauvoir semble oublier toutes les attaques sur les « mondes » développés par les femmes jugées trop « sentimentales » ou « féminocentrées » par leurs confrères masculins, et combien on a moqué la « prétention » des femmes à vouloir écrire et accéder au savoir. Mais si l’on lit quelques lettres qu’elle a adressées à son amant américain Nelson Algren, notamment une lettre datant de 1948, il semble qu’elle partage ses préjugés misogynes.

 

On pourra évidemment s’étonner du jugement sans appel que l’on porte au Deuxième sexe, d’autant qu’il est plein de références à la littérature et à la poésie des femmes française et anglo-saxonne. On y trouve de nombreux noms aujourd’hui tombés aux oubliettes, et de nombreux hommage à Colette, Anna de Noailles, Colette Audry, Violette Leduc, Marie Le Hardouin, Margaret Kennedy, Rosamond Lehmann, Katherine Mansfield, Renée Vivien, Louisa Alcott, Mathilde de la Mole, Marie Lesséru, George Eliot, Mary Webb, Emile Brontë ou encore Virginia Woolf.

 

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Double discours féministe

Consultas / Pedidos: m.artdolls@gmail.com

 

Lire aussi : Simone de Beauvoir ou le génie féminin

Commentaires

  • " on a moqué la « prétention » des femmes à vouloir écrire et accéder au savoir" :
    Heureusement maintenant il y a Butler, Springora et Lena Situation

  • Pas du tout de votre avis. Beauvoir reste un mauvais écrivain. Pas très convaincante. Athée malfaisante et gauchiste radicale. Il y a eu nombre de femmes beaucoup plus admirables. D'Helisenne de Crenne à Christine de Pisan. Les Précieuses ont plus fait que Beauvoir. Sand aussi. Même Colette. Mauvaise romancière et gourou sentencieuse et bourrée de prétention. Rien qu'une maquerelle qui fournissait Sartre en tendrons.

  • L'horrible Simone de Beauvoir , la bourgeoise qui prétend se libérer des codes de son milieu mais qui en applique soigneusement les règles dans sa vie . La femme soi disant libérée mais qui fournit de la chair fraîche au "Poisson dans le bocal" ... et demande la soumission de ces jeunes filles !!!Elle me révulse et je ne trouve pas qu'elle soit un bon écrivain . Ce n'est que mon avis

  • Jeune adolescente, j’ai grandi avec Simone de Beauvoir. J’ai commencé avec Mémoire d’une jeune fille rangée. Ce fut à 13 ans mon modèle. J’ai voulu agir Sur ma vie et je suis devenue une grande marcheuse. Encore aujourd’hui, lorsque je randonne, je garde en mémoire ses longues marches en espadrille. J’ai peu lu ses ouvrages de philosophie et mes connaissances dans ce domaine sont piètres. Cependant, en tant que femme et mère, j’ai moins compris son regard sur la maternité. J’ai une question !
    Quelle est la part de la biologie dans nos comportements?Peut-on aujourd’hui parler de tous les sujets de philosophie sans inclure ce que nous savons des neurosciences?
    Libre arbitre, sexualité, maternité, amour, amitié...
    Merci beaucoup.

  • La démarche des féministes est louable, mais elle est absurde dans le contexte actuel du fétichisme de la marchandise poussé à l’extrême. Car dans ce contexte du « faux omniprésent », le désir n’est pas immanent mais naît des différences, des singularités, de l’éloignement – de la séparation, dirait Debord (et donc de la convoitise). Le désir exige, dans ce fétichisme, que l’homme et la femme soient très différents (ce qui a des conséquences évidemment désastreuses à tous les niveaux, et fait comprendre le combat féministe qui tend à rendre l’homme et la femme plus proches en tout, même et surtout en apparence – voir par exemple le style garçon de nombre d’entre elles).

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