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La voie de la perfection selon Ostad Elahi

J’ai de nombreuses fois abordé la religion et la vie spirituelle dans ces pages. J’ai parlé quasi-essentiellement, c’est vrai, de la religion chrétienne. Mais l’on ne doit pas néanmoins, négliger les autres religions et les autres croyances, sous peine de faire l’impasse sur un grand pan de notre devenir spirituel et de notre enseignement. Dans une brillante et très claire introduction à la pensée de son père Ostad Elahi, Bahram Elahi fait la lumière sur les multiples étapes nécessaires au perfectionnement de soi, en-dehors de tout dogme ou de tout fanatisme religieux. Et, en nous offrant un tel livre, l’auteur fait vivre une forme de spiritualité vivante, qui est le propre de la collection chez Albin Michel, dans laquelle cet ouvrage paraît. Cette recension est d'abord parue dans la revue en ligne Boojum, et elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir

ostad elahi, baharam elahi, plotin, spinoza, le coran, islam, dieu, michel onfrayPas plus ravageur que le désert spirituel dans lequel nous sommes entrés depuis plusieurs décennies. L’athéisme est un dogme comme les autres, ni plus ni moins vrais que n’importe quel autre dogme. Et les philosophies matérialistes athées, telle celle de Michel Onfray, ne sont porteuses ni plus ni moins d’une vérité plus supérieure que toute autre philosophie ou croyance. Elles présentent un axe, une sorte de sacré, autour duquel on tourne bien souvent sans y ajouter d’une pensée critique suffisante.

 

Les questions, que l’on soit croyant ou athée, demeurent les mêmes. Je parle bien sûr, des questions fondamentales. Pas celles que l’on se pose lorsqu’on est actif et que notre vie nous emporte dans un tournoiement sans pareil, mais bien lorsqu’une pause est faite avec ou sans notre consentement, et, que, dans le silence de ce moment de répit, les questions existentielles affluent telles pourquoi sommes-nous sur terre ? Que devons-nous y faire ? où allons-nous après la mort ? Seuls quelques imbéciles indécrottables, quelques ânes bâtés continueront coûte que coûte de nier l’aspect fondamental et inévitable de ces questions essentielles, que personne ne peut négliger une vie entière. N’est-ce pas Marguerite Yourcenar qui disait dans L’œuvre au noir : « Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait au moins le tour de sa prison ? » ?

 

Baharal Elahi est le fils d’Ostad (qui signifie « maître éclairé », « savant » en arabe) Elahi. Dans la Voie de la perfection, qui est devenu depuis sa parution un classique, ce fils d’un grand sage, s’étant évertué à approfondir et à systématiser la pensée de son père, nous offre une judicieuse introduction à la pensée du maitre, à la fois éclairante et éclairée. Nul ne pourra dire ici, que ce livre n’est pas pour lui. Si l’on est curieux, ouvert d’esprit, quelque peu ami de la sagesse, ces quelque deux cents pages sont pour nous. Il n’y a rien de rébarbatif dans ce livre. Dans un langage clair et limpide, l’auteur nous montre la voie, se fait guide des égarés que nous sommes, afin de nous emmener sur un nouveau chemin, celui que l’on n’aura finalement jamais quitté, mais sans le savoir, nous qui avons, un jour de notre vie, perdu la voie droite, qui ne peut être autre que la route divine, cette route qui est, bien évidemment en nous, ça va de soi !

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Bahram Elahi

 

Nous, hommes si dépourvus, il nous fallait un livre facile d’accès qui nous montre le chemin, dans la « guidance divine » comme l’appelle Ostad Elahi, car nous sommes « spirituellement amnésiques : nous ne savons pas qui nous sommes réellement, d’où nous venons, pourquoi nous sommes ici-bas, s’il y a une vie après cette vie et où nous irons après la mort. » Ce livre à la prétention humble, n’est-ce pas paradoxal, j’en conviens, d’y répondre.

 

Ce livre permettra aussi, à un grand nombre d’entre nous, de mieux connaître l’islam et le Coran, grâce à des explications simples et rigoureuses qui n’ont pas vocation à être prosélytes, mais plutôt à nous accompagner sur le chemin de notre perfectionnement intérieur. Qu’est-ce qu’une âme céleste ? Qu’est-ce qu’une âme terrestre ? Pourquoi l’univers a-t-il un sens ? Que faisons-nous ici-bas ? Qu’est-ce l’intermonde ? De quoi sont faits les mondes définitifs ? Le paradis existe-t-il ? Et l’enfer ? Qu’est-ce que le Coran veut dire quand il parle d’« océan de vérité » ? De quoi cela retourne-t-il ? Sommes-nous dotés d’un libre-arbitre ? Et qu’est-ce que le mal ? Pourquoi souffrons-nous ? Qu’est-ce que l’homme et la femme ? Devons-nous y voir des différences hiérarchiques ? Comment devons-nous nous comporter et comment devons-nous élever nos enfants ? Qu’est-ce que la prière ? Qu’est-ce que l’attention dans le monde ? Quels sont les pièges spirituels ?

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Un autre livre très important de Bahram Elahi

Autant de questions autant de réponses que l’auteur s’attache à donner en toute simplicité. Mais ce que je peux d’ors et déjà révéler de ces pages, c’est qu’elles sont un bon outil d’apprentissage. On peut bien sûr se référer à la Bible ou à la religion bouddhiste. Nul n’a besoin de se plonger dans ces pages pour trouver la solution à la bonne vie. Quelques bons textes des stoïciens ou de Platon feront l’affaire. Mais j’ai ressenti une telle joie à lire ces pages, que je ne peux croire que le recommander n’était pas de mon fait. On y apprendra un peu mieux, et en quelques lignes, ce que veut la religion. Pourquoi elle n’est pas dogmatique ni tyrannique, tels que le prétendent quelques impensés de l’époque. On saura, par exemple, qu’il y a deux niveaux de la religion. Que,

 

« Si le croyant s’arrête au niveau rituel, il obtiendra probablement le paradis promis par son prophète. En revanche, s’il veut la Perfection, il faut qu’il s’engage activement dans le niveau spirituel. »

 

Ce qui veut donc dire que le niveau spirituel n’est autre que l’aboutissement du niveau rituel (entendez par là l’étude des textes sacrés, se limitant « souvent à une interprétation qui est source de contradiction et de confusion »).

 

C’est donc dans les vérités réelles que l’on trouvera la quintessence de toutes les religions révélées, sachant que l’auteur a bien montré, qu’il ne peut y avoir de compétition entre les religions, puisque Dieu est Un (voir à ce propos l’enseignement de Plotin ou celui de Spinoza qui me semblent majeurs pour mieux cerner ce que la religion veut et comment l’on doit être un bon religieux, c’est-à-dire craindre Dieu au sens où notre comportement doit être exemplaire, suivez mon regard...) La religion n’étant autre qu’un guide pratique pour « prendre connaissance des principes éthiques et divins justes » et apprendre à bien les appliquer. N’ayez donc pas peur de la religion, comme le disait, fort à propos, Rémi Brague dans le titre d’un de ses livres. Ça ne mord pas ! Ça ne tue pas ! Ça n’affaiblit pas ! Ça ne limite pas ! Bien au contraire...

 

Vous ne voulez pas le croire ? Eh bien, plongez-vous dans ce livre, et faites votre propre opinion de la question, en-dehors des lavages de cervelles de cette époque sans Dieu. Et si avec ça, je ne vous ai pas encouragé à lire ce livre, ma place dans ces pages n’a décidément plus lieu d’être...

 

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Ostad Elahi à son bureau

Bahram Elahi, La Voie de la perfection, introduction à la pensée d’Ostad Elahi, Albin Michel, « Spiritualités vivantes », mars 2018.

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