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Nietzsche, philosophe des sommets

L’universitaire Annick Stevens nous propose avec Nietzsche, la passion des sommets un livre passionnant et facile d’accès pour les non-spécialistes de l’œuvre du terrible, du philosophe des sommets, du dynamiteur Nietzsche. C'est donc l'occasion de faire un point sur la philosophie de Nietzsche, à propos de laquelle j'ai déjà beaucoup écrit. Cette recension est d'abord parue dans la revue en ligne Boojum, et elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir

Nietzsche2.jpgJe connais plusieurs excellents livres sur Nietzsche : celui de Pierre Klossowski Nietzsche et les cercles vicieux, ainsi que celui de Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie, ou le Nietzsche de Jean Granier. J’y ajouterai désormais celui-ci, cet essai synthétique, mais néanmoins complet d’Annick Stevens, que tout amateur du philosophe allemand, ou tout curieux, devra compter dans sa bibliothèque.

« Si la vie philosophique se trouve potentiellement en chacun, elle a besoin d’un révélateur, d’une rencontre décisive qui mette des mots sur cette aspiration vague, sur ce désir intense d’une réalisation inconnue qui tourmente souvent les jeunes êtres, avant qu’ils soient happés par les routines, les obligations et les réponses toutes prêtes. »

Nietzsche est longtemps resté incompris, maudit à cause de l’entreprise de destruction de sa traitresse de sœur, divisé entre nietzschéens de gauche et de droite, de contempteurs de sa philosophie tournée au grand air de la poésie. Annick Stevens ne se lance pas bien sûr dans une entreprise de réhabilitation, Pierre Klossowski, Georges Bataille, Gilles Deleuze s’y sont déjà collé. Elle dresse plutôt un diaporama clair et juste de ce grand moment philosophique, dont les concepts principaux (dionysisme, perspectivisme, volonté de puissance, surhumain, éternel retour) méritaient d’être revisités, ou au moins, expliqués. C’est bien à ce projet que l’auteur se plie. C’est à la mise en perspective de la philosophie de cet éducateur, emporté vers les cimes de la philosophie par celui qui l’a enthousiasmé dans ses jeunes années, et dont la philosophie pessimiste a inspiré les premiers pas de Schopenhauer.

 

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Nietzsche

 

La philosophie de Nietzsche est à l’inverse des philosophies systématiques ou dialectiques qui ont fait le bonheur de l’histoire de la philosophie, au point de troubler un grand nombre de lecteurs. Libérateur, éducateur, Nietzsche nous déconcerte pour nous tirer hors des schémas de pensée toute faite.

On sait combien l’œuvre de Nietzsche est indissociable de son itinéraire personnel et intellectuel. Malmenée durant des décennies, cette œuvre est néanmoins relue régulièrement, et, ne cesse de nous offrir des prodiges de pensée, d’éclairer notre modernité si complexe. Du philosophe intempestif à l’immoralisme, en passant par le surhumain, l’intuition de l’éternel retour et la transmutation des valeurs, l’ouvrage d’Annick Stevens offre de belles perspectives critiques et pédagogiques pour aborder cette œuvre, loin d’être facile, et qui a le mérite de toujours nous fasciner, et de continuer à nous bouleverser.

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Lou Salomé, Paul Rée et Nietzsche (de g. à dr.).

 

Divisé en sept chapitres, ce sont autant d’horizons, de portes ouvertes nous invitant à découvrir les aphorismes et la philosophie d’un esprit libre, un affirmateur et créateur, un ensemble de jalons vers de nouveaux sommets, intitulé brillamment La Passion des sommets.

Et Dieu sait combien Nietzsche était ce penseur des sommets !

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Annick Stevens

 

Annick Stevens, Nietzsche, la passion des sommets, « Université populaire », Editions Latinoir, octobre 2018.

 

À voir aussi :

Reconstitution des derniers jours de Fredrich Nietzsche

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