Houellebecq est-il un « possédé » ?
Voici une longue étude que je propose sur l'oeuvre de Michel Houellebecq. Parue dans le site du magazine Entreprendre, elle figure désormais au sommaire de mon livre Galaxie Houellebecq (et autres étoiles) paru aux éditions Ovadia (2024).
« Ne désespérez jamais, faites infuser », Henri Michaux.
N’en déplaise à ses contempteurs, de moins en moins nombreux toutefois, Michel Houellebecq fait partie de ces rares écrivains les plus importants de l’entre-deux siècles. Sa force, précisément, c’est d’être arrivé au franchissement, moment où le siècle précédent agonise, moment où le prochain peine à naître. Le XXème croyant encore tenir debout, marche telle une âme morte, ignorant son trépas, ne retrouvant pas son monde d’avant, sans comprendre pourquoi, s’inquiétant de plus en plus, avançant dans un brouillard mental, apathique, sombre, désespéré. C’est aussi, peut-être, la meilleure description que je puisse proposer de l’écrivain lui-même. Si vous avez la chance de croiser Houellebecq, qui se fait volontairement rare, vous rencontrerez une personne sombre, un peu confuse aussi, qui n’est pas arrivée à dépasser le désespoir[1]. J’ai compris, en l’écoutant, qu’il ne croit pas au moindre dépassement. Bien sûr, il est pessimiste. Et ce n’est pas une posture. Selon lui, on peut presque tout réaliser, mais pas complètement. On trouve par exemple plusieurs tentatives de conversion avortées dans ses romans[2]. Il ne croit pas dans la force de la pensée stoïcienne, et, au beau milieu d’une discussion, qui le mêlait, lui, le père Tanoüarn, et moi, lorsqu’on lui a demandé pourquoi le Christ ne figurait pas dans son œuvre, il nous a répondu : « Peut-être parce que je n’ose pas. »
La suite de cet article figure dans Galaxie Houellebecq (et autres étoiles)
Ce livre peut être commandé directement sur Amazon
Commentaires
Heureusement pour lui qu'il vend beaucoup de livres.
A défaut, le monde de la culture parisien ne le louperait pas, avec un tel positionnement politique.
Faut être riche pour pouvoir dire publiquement ce que l'on pense...
Certes l'écriture est bonne, mais certaines idées sont bien trop politisées et n'apportent pas grand chose au débat mise à part la peur d'autrui. Je donne plus d'importance au fond qu'à la forme.
Lu à vrai dire en diagonale (diagonale du fou ?) par manque de temps ; j'y reviendrai, il y a matière.
Mais l'idée a surgi là : pour oser, "Je ne désespère pas de voir Houellebecq un jour oser", il ne faut pas être malheureux.
"... il a eu cette formule étonnante : « Quand on est extrêmement malheureux, on accède à une forme de vérité. » ", mais ce n'est qu'une forme.
Pour oser vraiment, il faut être pauvre.
Houellebecq n'est pas encore dépouillé, il se dépouille devant
"On ne fait pas de la bonne littérature avec des bons sentiments"...Houellebecq illustre parfaitement cette citation de Gide !
Non, c’est juste un réaliste donc un visionnaire puisque personne n’aime voir/savoir/connaître/accepter la vérité.
Bien analysé, Marc ! Encore un petit effort, Houellebecq, pour bientôt être infréquentable ! Il y a longtemps que la gauche bobo le vomit... et tant mieux, c'est bon signe !
Un texte absolument passionnant sur Houellebecq, son œuvre et son rapport au monde; et à Dieu. Attention, ce texte est long, exigeant, au moins 20-30 minutes selon votre capacité de lecture. A réserver quand vous avez vraiment le temps.
Excellent article, fouillé et parfaitement structuré avec beaucoup d'idées qui partent dans tous les sens, pour finalement revenir au même sujet. J'aime beaucoup ! Houellebecq, oui, bien sur, c'est pas mal, j'avoue mais son style ne m'a jamais convaincu (je suis sans doute trop formaté par la littérature fin 19ème, 1er moitié du 20 ème) Bon, à la limite, je pourrais passer dessus pour me centrer sur son sens du narratif et de la décomposition. Ce qui est très pénible en revanche chez lui, c'est son obsession sexuelle qui devient vite lassante mais vous avez quand même réussi de par votre article à me donner envie de lire "Anéantir". Bravo ! :D
Un texte absolument passionnant sur Houellebecq, son œuvre et son rapport au monde; et à Dieu. Attention, ce texte est long, exigeant, au moins 20-30 minutes selon votre capacité de lecture. A réserver quand vous avez vraiment le temps.