Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Saint Augustin et la voix de Dieu

Augustin tente de sonder un grand mystère, celui de la voix de Dieu, qui parle aux hommes à travers le texte sacré qu’est la Bible. Saint Augustin nous rappelle donc, que Dieu, malgré son élévation au-dessus de tous les hommes et de tous les prophètes, reste la voix, la voix du Verbe ou de la Parole éternelle. C’est ainsi donc, en tant que prédicateur, qu’il met l’autorité de sa parole sous l’autorité de Dieu, puisque sa parole n’est autre que celle de Dieu, qui parle à travers lui. Voici une petite méditation, que je propose en accès libre dans l'Ouvroir

 

confessions.jpgQuelle différence peut-on faire entre la voix de Saint-Augustin et la parole divine ? D’une part, on peut répondre que la voix n’est rien sans la parole ou sans la pensée, et d’autre part, que dans l’intelligence concevant la parole, la pensée précède la voix. En revanche, dans l’esprit à qui s’adresse la pensée, la voix porte la pensée et la précède. Ainsi, Augustin, sachant que le Verbe existe d’abord dans l’intelligence divine avant d’arriver jusqu’à nous, sait que la parole n’est plus nécessaire quand il s’agit de la voix du Verbe ou de la Parole éternelle. « Tous comprennent aussi, je pense, écrit Augustin dans cet extrait, que ce qui se fait en moi se produit également dans tous ceux qui parlent. » Augustin sait donc qu’il doit se placer sous l’autorité du Verbe, qui existe d'abord dans l'intelligence divine, et qui, pour arriver jusqu'à nous, a demandé à avoir les précurseurs que sont Jésus et les prophètes, les Apôtres et les patriarches.

 

Si le verbe précède la voix en Augustin, il lui faut encore expliquer le circuit complet de la communication puisqu’on y trouve deux directions : celui de l'idée à la voix et celui de la voix à l'idée. C’est donc sous l’autorité du verbe, qui est le premier, et qui vient avant la voix, qu’Augustin se place, puisque celle-ci est le véhicule du Verbe. Donc la voix elle-même transporte le sens comme moyen d'information. Ça n’est donc qu’ensuite qu’Augustin s'efforce d'atteindre d'un seul élan le sommet de sa pensée et la porte à Dieu.

 

Après une longue méditation sur la voix et sa fonction, Augustin commence à établir ce qu'elle est. En bref, pour reprendre une parole théologique on peut dire que tout homme qui annonce le Verbe est la voix du Verbe. Ainsi, si la voix ne dit rien quant à l'intelligence, Augustin, ne prenant nullement la voix dans un sens métaphorique dans le Sermon 288, 5, dit que c’est « le son de (sa) voix qui peut porter (sa) pensée ».  

 

À voir aussi :

Saint Augustin dans La Foi prise au Mot, du 11/01/2010.

 

Cependant, lui, qui prêche, ne peut réduire la parole à un simple procédé rhétorique, au motif de la voix. Aussi, en fondant épistémologiquement le son de la voix et ses procédés, il fait de celle-ci, celle qu’il porte devant son auditoire une parole de la vérité, sachant qu’elle ne peut être que d'origine divine. Cette voix se fait entendre intérieurement et silencieusement d’abord. C’est pour cela qu’il dit : « Ainsi, dit-il, la parole est en moi antérieure à la voix ». C’est donc grâce aux voix extérieures et corporelles, qui appellent l'homme à exercer son jugement et à retrouver en lui la transcendance de cette vérité, qu’Augustin peut alors porter la pensée par « la voix qui ne vient qu’ensuite ». La voix, inférieure au Verbe, représente cette dimension d'adresse, d'interpellation par laquelle l'homme accueille l'altérité divine.

 

Augustin sonde le mystère de la voix. Qu’est-elle et à quoi sert-elle ? Elle ne vient qu’après la pensée, qui peut se faire pensée créatrice lorsque celle-ci s'est approfondie grâce à la lecture de la Bible. C’est à ce moment-là qu’il se met sous l’autorité de la voix, qui n’est autre que le Verbe avec lequel il va s’adresser à Dieu.

 

En couverture : Vittore Carpaccio (1455-1526) La vision de Saint Augustin, 1502-1507, Huile sur toile, 144 x 208 cm, Venise, église de Saint-Georges-des-Esclavons

Commentaires

  • Bonjour
    je vous remercie pour votre blog,
    je vous adresse le début d'un poème autour du néant il est long, mais si le début a retenu votre attention, vous le trouverez en intégralité demain (15 Avril) sur mon blog ( y figure également Saint Augustin): Effleurements livresques, épanchements maltés - Overblog http//holophernes.over-blog.com/
    Bonne lecture
    Mermed
    'Précédé d‘un silence assourdissant,
    entièrement vêtu d’obscurité, il arrive de l’infini néant et du chaos de l’éternité.
    Il rencontre la fille du vieux Saltiel, noire, si belle, première de toutes les Vénus; jamais être humain ne vit sa pareille jusque sous les soleils d’Uranus.'

  • Saint Augustin 354 - 430
    « Toi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même,
    et plus élevé que les cimes de moi-même. » (III, 6, 11).

    Bien à vous, Marc Alpozzo ...

    https://www.youtube.com/watch?v=lHwZj7CrfKQ

  • C est le tableau de Carpaccio qui m a fait lire "Les Confessions". Les premières pages des Confessions m ont laissé une impression indélébile... Un Feu ardent!

  • Il y a à peine deux heures, je lisais son homélie sur l’Annonciation et le fiat de Marie. Votre texte s’y juxtapose à merveille. Merci !

Les commentaires sont fermés.