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Michel Houellebecq, précis de décomposition

Le roman Soumission de Michel Houellebecq est un récit crépusculaire et halluciné, le plus sombre de sa carrière, une sorte de roman catastrophe sur fond de suicide européen et de guerre des mondes. Cette recension a paru dans le site du Grand Genève Magazine, le 23 février 2015. Elle figure désormais au sommaire de mon livre Galaxie Houellebecq (et autres étoiles) paru aux éditions Ovadia (2024).

 

« Le monde est de taille moyenne », Michel Houellebecq, Lanzarote.

 

 

Un monde désenchanté

Le monde de Houellebecq est habité par le désespoir. C’est un monde de taille moyenne, où « la tristesse est grande », « irrémédiable », à tel point qu’elle « (finira) par recouvrir tout »[1]. Les femmes y sont des objets de désir jusqu’à l’âge de 40 ans environ, puis c’est le déclin, condamnées à devenir plutôt des « oiseaux mazoutés » que de vieilles dames élégantes et raffinées. Leur avenir est sombre, d’une jeunesse flambante elles glissent irrésistiblement vers l’âge de la destruction, du démantèlement du corps ; il leur reste probablement quelques années à camper des rôles de cougars, puis c’est « la solitude définitive »[2]. Le monde de Houellebecq est un monde de torpeur, de vide et d’insatisfaction. Les hommes y sont pour la plus grande partie médiocres, las, éreintés, déçus. Le monde de Houellebecq est un monde fatigué. C’est un monde froid, un monde de l’affaissement des hommes, un monde déserté de toute grandeur, un monde de désolation et de désenchantement. Un monde où y règne le chaos[3].

 

La suite de cet article figure dans Galaxie Houellebecq (et autres étoiles)
Ce livre peut être commandé directement sur Amazon

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Commentaires

  • Il est très doux de scandaliser : il existe là un petit triomphe pour l'orgueil qui n'est nullement à dédaigner.
    Marquis de Sade

  • dans les romans on s'éclate

  • Je pense que vous faites une monumentale erreur, Karim Houari, les romans de Houellebcq se veulent des romans à message, voire des romans prophétiques...

  • oui hahahaha, on trouvera tjrs dans le futur des choses dedans tellement il y en a, ça me fait penser à un article que j'ai lu sur l'or que l'on pouvait trouver dans les égouts des grandes villes américaines, des millions de dollars paraît-il , provenant de diverses appareils jetés, mais cela coûte plus cher à extraire que le prix de l'or lui-même (et autres métaux précieux)

  • Je ne suis d'accord avec vous Marc. Je pense que MH n'a aucune prétention ni aucun talent de visionnaire.
    C'est par contre un redoutable disséqueur de la société, de ses travers, de ses vices.

  • Je l'ai écouté (vu) dans je ne sais plus quelle émission .... sa démarche intellectuelle m'a interpellée, mais je suis nettement plus heureuse que lui !

  • Damien, j'ai pourtant le sentiment que cette dissection du cadavre de l'Europe occidentale prend parfois des postures de visions ; et ça n'est probablement pas pour rien qu'il cite abondamment Cassandre dans son dernier roman.

  • ouh là il y a pleins de romanciers/hommes qui savent trés bien parler des femmes (et heureusement)

  • franchement j ai pas envie de le lire ...c con mais ca tete m inspire pas ...plutot ca vibe ...noire

  • Rien de ce qu'il écrit n'est gratuit et je me refuse à croire que Houellebecq se complait dans l'univers qu'il décrit. Son regard est tranchant et cynique mais le talent et la justesse de l'auteur permet de mettre le projecteur sur nos propres contradictions. "Je veux simplement rendre compte du monde" insiste t'il dans l'épilogue de son précédent roman.

  • @christinejust
    Ah, lesquels ? D'autre part, j'ai écris savoir "parler" femme. C'est sensiblement autre que savoir parler des femmes.

  • Ce que je préfère de très loin, dans Houellebecq que je n'ai qu'à peine lu, sans pouvoir poursuivre, c'est ce qu'en dit Marc Alpozzo, notamment... Je pourrais dire que "je connais" l’œuvre de Houellebecq par procuration. C'est à dire qu'elle ne me procure du plaisir que parce que d'autres écrivent sur lui.. En plus, c'est gratuit.
    Je me demande si je ne vais pas, moi aussi écrire une analyse critique de l’œuvre de Marc Alpozzo qui analyse l’œuvre de Houellebecq ?
    Une sorte d'apologie ou plutôt "d'apolzzologie" de l'écriture gigogne, en quelque sorte.

  • Marc a fait une longue palabre sur le contenu des livres de MH, personnellement deux ou trois phrases me suffiraient pour en parler de ce contenu, quant au talent c'est autre chose, là peut-être qu'il y aurait plus à dire, un talent mystificateur de haute volée, trompant même notre philosophe

  • Ce talent mystificateur dont vous parlez mon très cher Karim Houari il me semble l'avoir souligné par le sous-titre du dernier chapitre de l'article. Par contre contrairement à vous il me semblait nécessaire de faire une analyse globale de l'oeuvre de MH qui a elle toute seule nous propose un monde... et c'est d'ailleurs ce qui m'intéresse le plus dans cette oeuvre, c'est la raison pour laquelle ses livres ne quitteront jamais ma bibliothèque.

  • Je comprends très bien ce genre de passions, je me suis moi-même passionné pour des Rimbaud, des Bilal, des Tintins, des surréalistes, des chanteurs, des acteurs, enfin toutes sortes d'idoles fascinantes et passionnantes, des gens avec leur monde comme tu dis, il se trouve que j'ai trouvé le mien aujourd'hui et que toute distraction n'est plus que distraction

  • pas encore lu mais comme d'hab ça doit être détonnant !! j'adore son travail

  • Christine vous ne devriez donc ni le lire, ni l'écouter pour votre salubrité mentale que du coup, j'imagine exceptionnelle…lisez-vous Lévinas des fois ?

  • Il y a tellement d'autres lectures plus intéressantes oui : la liste est longue ... . Cela dit comparer Levinas à MH, (que j'ai essayé puis abandonné avec ses particules élémentaires)c'est qd méme drôle !! N'oublions pas qd méme que MH n'est ni un penseur ni un philosophe(contrairement à Levinas) ni méme un intellectuel: seulement un romancier ! c'est la houellebecqmania ! Aprés que je n'ai pas aimé des romans ecrits par un romancier dépressif et misogyne c'est interdit non ? interdit d'en parler aussi ?

  • Deux possibilités peuvent expliquer son succès : le malentendu, et alors celui-là persévère, ou il a quelque chose à nous dire d'audible, et nous aimons/voulons l'écouter... Personnellement, Karim, je ne jetterais pas le bébé avec l'eau du bain (mais quelle vilaine formule, bon sang !!!), MH a beaucoup de choses à nous dire, et ce qu'il dit est très intéressant, quand bien même nous ne serions pas d'accord avec lui... cela dit, en ce qui concerne la démocratie directe je suis d'accord avec lui... C'est beaucoup moins défaillant que ça en a l'air l'oeuvre et la pensée de Houellebecq (pour faire une comparaison qu'il apprécierait, je dirais qu'on ne va pas jeter Arthur Schopenhauer de l'histoire de la philosophie, sous prétexte que sa pensée est d'un pessimisme assourdissant !!)

  • Qd MH dit : -" Je veux simplement rendre compte du monde " qu'il n'oublie pas qu'il ne rend pas compte du monde mais de SA vision du monde . D'ailleurs, Je préfère garder la mienne (de vision ) !! question de salubrité mentale

  • Le narrateur explique son dégoût pour les femmes qui “lisent des bouquins sur le développement du langage chez l’enfant” (EDL, 5), sa détestation des “étudiantes en psychologie” - “des petites salopes, voilà ce que j’en pense” (EDL, 145) -, et surtout, sa haine des femmes en analyse : “Impitoyable école d’égoïsme, la psychanalyse s’attaque avec le plus grand cynisme à de braves filles un peu paumées pour les transformer en d’ignobles pétasses, d’un égocentrisme délirant, qui ne peuvent plus susciter qu’un légitime dégoût.” Aussi la rupture avec Véronique ne lui inspire-t-elle qu’un regret - “ne pas lui avoir tailladé les ovaires.”

  • Si, à côté de ces femmes engageantes, mais périssables, l’un et l’autre romans sont peuplés de “boudins”, de “minettes” et de “vieilles peaux”, sans oublier une “mère dénaturée” archétypale, l’auteur n’ignore pas qu’il s’adresse aussi à des lectrices : “Il se peut, sympathique ami lecteur, que vous soyez vous-même une femme. Ne vous en faites pas, ce sont des choses qui arrivent.” (EDL, 15-16) Houellebecq récuse par avance tout soupçon de misogynie : ne proclame-t-il pas la supériorité morale des femmes ? “Décidément, les femmes étaient meilleures que les hommes. Elles étaient plus caressantes, plus aimantes, plus compatissantes et plus douces”. Par contraste, “il est possible qu’à des époques antérieures, où les ours étaient nombreux, la virilité ait pu jouer un rôle spécifique et irremplaçable ; mais depuis quelques siècles, les hommes ne servaient visiblement à peu près plus à rien.” (PÉ, 205) L’auteur décline ainsi dans la presse les variations d’un slogan emprunté à la publicité, qui prendra in fine une coloration métaphysique : “Demain sera féminin.” (PÉ, 153 et 388).

  • mon avis c'est qu'il écrit bien et a la plume très facile, le monde qu'il décrit il en fait un foutoir, un bordel sans nom ou tout se mélange, le piège est là car quiconque s'y retrouve quelque part interpellé forcément, c'est malin de sa part mais bon pour les gogos qui se laissent prendre, sa fiction monstrueuse les impressionne, moi pas trop voire pas du tout, désolé

  • et cette ambiguité est voulue et entretenue, il est habile à ménager le fond de sa pensée, à la cacher ou peut-être n'en a-t-il aucune de pensée, mon sentiment est qu'il se cherche encore, du moins il se l'imagine, comme un ado cherchant encore sa personnalité, refusant tout avec une conviction vide, pour la beauté de se croire libre et sans aucune espèce d'entrave ou considération morale, pour la beauté du rebelle incompris et mécontent éternel, farouche et maudit, seul contre tous, le solitaire qui seul brave courageusement tous les dangers dans lesquels les autres se vautrent en soumission

  • pour faire polémique il faut ce genre d'ingrédients, est-il ou non misogyne, macho ou non, dégueulasse ou tendre, etc., les avis sont partagés et c'est ce qui fait son succès, il sait jouer de l'ambiguité dans tous ses propos, dorer la pilule à tout le monde quand il faut et affirmer tout cela par un discours extrême genre grande gueule moi je vais vous dire la vérité vraie, vous pouvez me croire je ne mâche pas mes mots, jugez par vous-même..

  • Dommage Karim car c'est très intéressant.
    MH est très intelligent et joue sur l'ambiguïté entre l'auteur, le narrateur et les acteurs (ses personnages). Il lui arrive de jouer aussi avec le lecteur en lui faisant penser et dire certaines choses.
    Il joue sur l'émotion plus que sur la raison et ce n'est pas tant l'idée d'une certaine réalité qui peut être répugnante mais c'est la manière de l'exprimer.
    Et c'est là où le style MH prend toute son importance. Ce style direct et efficace divise les lecteurs entre ceux qui vont avoir un haut le cœur et une réaction de rejet, et ceux qui vont être séduits, fascinés par tant d'intelligence et de lucidité.
    C'est la rencontre avec la vérité qui est toujours dérangeante et souvent insoutenable

  • ATTENTION toutes les notes sensées renvoyer en bas de page sont des liens morts... un problème classique lors de la mise en ligne, les liens sont restés rattachés au bureau de l'ordinateur et non au serveur du site, ah Marc Alpozzo, le web c'est plus fort que toi !

  • Lors de la sortie de son premier "ouvrage" , une pédiatre me l'a donné à lire...;je lui ai rendu avec un gout de .....

  • J'ai le sentiment que "les particules élémentaires" est encore plus sombre. Dans "soumission" le lecteur est plutôt accompagné vers un "à quoi bon". Sans désolation outrancière.
    Reste que le Goncourt fût amplement mérité pour "la carte et le territoire".

  • Un chef d oeuvre : un voyage au bout du jour

  • J'ai aimé "La carte et le territoire". J'ai beaucoup sourit en lisant "La possibilité d'une île". "L'extension du domaine de la lutte" ne m'a pas porté au septième ciel. En lisant "Plate-forme", j'ai vu combien Houellebecq est un romancier contemporain qui a sondé l'âme ( peut-on employer ce terme ?), qui sonde perpétuellement l'âme de l'homme occidental contemporain, quadra ou quinquagénaire, un brin désabusé, esprit en quête d'un sens, d'un peu de vie. Je lirai donc dès que possible "Soumission". Quant à la femme (existe-t-elle La Femme ? Le concept forcément théorique, abstrait, s'efface devant la multiplicité des femmes, chacune individuelle, singulière, que nous offrent la réalité, le monde sensible et concret) peu de romancier masculin savent "parler" femme, savent les faire parler. C'est une langue, un genre, assez mal compris par les auteurs masculins, assez mal restitués donc. De ce sujet donc, n'en faites pas matière à procès à Houellebecq seul et étendez-le à l'immense majorité des auteurs de sexe mâle. Cependant , consolez-vous Christine, il y a pléthore de romanciers féminins. Sans doute parlent-elles mieux selon votre point de vue ?

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