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Le transhumanisme est-il une menace ?

Je l'ai montré dans un précédent article, le transhumanisme part visiblement d’une absence de valeurs transcendantes (autrement dit un problème de foi en l’âme et en Dieu), ce qui est peu compatible avec ce qu’est l’humanisme historique. Cette tribune est parue dans le site de la revue Entreprendre. Elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.

S’il l’on doit commencer par soulever un problème concernant le transhumanisme, on doit dire que ce nouveau mouvement idéologique se divise en deux écoles : celle d’Elon Musk, qui veut coloniser Mars, révolutionner l'industrie automobile et transformer l'homme en cyborg, en lui implantant des puces dans le cerveau afin d’augmenter son intelligence ; celle de la Silicon Valley, qui préfère miser sur l’Intelligence Artificielle, la télépathie et l’augmentation de l’espérance de vie jusqu’à l’immortalité. Ce qui les rassemblent en revanche : elles prennent leur point de départ dans une absence de valeurs transcendantes (autrement dit un problème de foi en l’âme et en Dieu), doctrine assez peu compatible avec ce qu’est l’humanisme historique.

 

Si les premiers humanistes croyaient vraiment en l’homme et qu’ils ne se contentaient pas de le réduire au plan immanent de la matière, ils croyaient aussi fermement que l’homme était à l’image de Dieu et qu’il était capable de s’élever à un plan transcendant.

 

Si les premiers humanistes ne réduisaient pas la vie à la vie animale, ils croyaient vraiment en l’âme et en l’au-delà, et surtout, ils aimaient fermement l’homme tel qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses, et ils ne cherchaient pas à le changer artificiellement, ou à changer sa nature pour le rendre immortel.

 

À la fin du siècle dernier pourtant, les choses ont pris une autre tournure. L’Internet s’est démocratisé en 1999, et dès 2000 le commerce en ligne s’est largement généralisé au point que le commerce traditionnel s’est vu très vite dépassé par cette nouvelle forme de business qui générait des bénéfices colossaux. Devenant vite une sorte de colonisation des esprits, l’Internet et ses outils ont largement changé l’idéologie dominante et planétaire, et, désormais, face au scandale du mal et de la mort que les hommes ne parviennent plus à assumer, certainement par manque de foi et de transcendance, pas plus qu’ils ne parviennent à surmonter l’absence de plan transcendant, certainement par la mort de Dieu (je renvoie le lecteur à la doctrine de Nietzsche sur ce sujet), le transhumanisme est un mouvement technologique et idéologique qui arrive à point nommé. Certes, lorsqu’on évoquait en 2010, les thèses et les objectifs de ce mouvement venu des États-Unis, les gens n’étaient pas encore tout à fait à l’aise avec ce qu’on leur annonçait. Mais en 2022, les choses commencent à changer peu à peu. Or, l’objectif de ce mouvement est d’envoyer l’humanité sur la Lune, puis sur Mars ; il propose un vif espoir d’améliorer l’homme et de combler le vide ontologique auquel il se confronte dans la douleur. Il propose de le réparer et de l’augmenter, comme on répare une machine et on l’augmente. Avec la mort de Dieu, avec la déchristianisation progressive de l’Occident, les hommes ne disposent plus d’aucun plan transcendant ; le transhumanisme entre alors en scène afin de se proposer à combler cette absence par un plan immanent, en remplaçant la différence de nature entre l’homme et le reste de la création par une différence de degré (un bras plus fort, une vie plus longue, une santé impeccable, etc.)

 

Mais si l’on adopte un point de vue moins philosophique, alors il nous faut préciser que les entreprises de la Silicon Valley sont surtout soumises à la pression de leurs actionnaires et aux injonctions du néolibéralisme, et elles sont condamnées à la croissance. Les marchés qui s’ouvrent aux transhumanistes deviennent de fait une aubaine pour ces entreprises, après la révolution des smartphone, l’expansion du commerce en ligne, l’explosion des GAFAM grâce à l’invention d’Internet. En 2012, l’IDC annonçait que le marché de l’Internet des Objets allait progresser de plus de près de 8% par an pour frôler les 9000 milliards de dollars de revenus en 2020[1]. À l'échelle mondiale, il y avait 12,3 milliards d'objets connectés fin 2021, selon le cabinet d'études de marché américain IoT Analytics. Combien rapporteront-ils dans 10 ans ? Et combien les hommes génèreront-ils de revenus une fois qu’ils auront été transformés en objets connectés ? Ces entreprises privées cotées en bourse ont pour vocation de croître en permanence et de systématiquement augmenter leur rentabilité et leurs profits. Rien ne pourra donc arrêter le progrès technologique, ni les ambitions transhumanistes, sinon peut-être une guerre nucléaire. On a vu comment en 20 ans les publicités sur Facebook ou Google ont envahi notre espace visuel et ont rendu les individus assidus à la consommation de pubs sur Internet. On a constaté l’invasion dans nos vies de la technologie. Par exemple, durant la pandémie, la visio-conférence, le télétravail, l’école à domicile, etc. Devant autant de bouleversements, ne doit-on pas se demander cependant, si le transhumanisme ne représente pas une menace malgré ses innovations intéressantes pour notre qualité de vie ? Les transhumanistes ne souffrent-ils pas d’un hubris démesuré ?

 

La littérature occidentale nous donne trois exemples d’un hubris démesuré, et de ses conséquences ravageuses sur l’homme. Le premier se trouve dans le mythe d’Icare. Ce personnage mythologique, tentant de s’élever toujours plus haut, jusqu’à se rapprocher du soleil, fait preuve de ce que les Grecs nommaient la « démesure » par le mot d’hubris. On peut donc dire, que c’est l’orgueil qui pousse à outrepasser les limites de sa condition, et qui s’oppose à la sophrosumé que l’on traduit par « modération », « prudence » ou encore « sagesse ». Dans un autre mythe, celui de Prométhée, ce dernier se rend également coupable d’hubris, lorsqu’il vole le feu et la technique aux dieux pour les donner aux hommes. Enfin, on trouve dans la littérature du XIXe siècle, le docteur Frankenstein, créé par Mary Shelley, dans un roman publié en 1818. Son personnage prétend conférer la vie à une créature inanimée, incarnant parfaitement la figure de l’hubris moderne.

 

Techniques de pointe, progrès incessants, nouvelles technologies : l’âge moderne décuple, élargit les capacités humaines et modifie notre rapport au monde. Qu’en est-il de la place du corps, et plus particulièrement du corps souffrant dans cette redéfinition de l’humanité ? Qu’en est-il de la responsabilité des États et de la morale ? Est-il possible de contrôler ce système qui paraît nous échapper, menacé par une technologie qui s’apprête à tout balayer, notamment avec le développement de l’Intelligence Artificielle (I.A.) : la finance, le système bancaire, le travail également, puisque les travailleurs seront bientôt remplacés par des robots, – qui seront, eux-mêmes, remplacés par l’imprimante 3D ; la santé (où les robots remplaceront les médecins), l’éducation (où les robots remplaceront les enseignants), etc., tout sera bientôt transformé par l’arrivées des I.A.

 

Or, si les progrès techniques ont largement modifié le rapport de l’homme à son environnement, et que l’on peut dire que cela lui a donné la possibilité de créer des pouvoirs d’intervention sur lui-même, en agissant sur son corps, préparons-nous à vivre un bond de géant inédit dans l’histoire, puisque bientôt, le corps malade ou mutilé pourra bénéficier de greffes d’organes novatrices, de transplantations de puces, de prothèses qui changeront radicalement la médecine et notre rapport au corps. Bien entendu, nous ne sommes encore qu’aux balbutiements de cette nouvelle forme de médecine, mais nous verrons bientôt arriver les médecins numériques, et une technologie de pointe à peine imaginable aujourd’hui en 2022. Inutile de rajouter que ces innovations et ces progrès dans le domaine de la santé et dans d’autres domaines seront évidemment prodigieux.

 

Avant de s’enthousiasmer toutefois sur ce cerveau numérique qui concurrencera bientôt le cerveau humain, questionnons-nous sur l’éthique du transhumanisme.

 

Si par exemple, le don d’organes ne pose aucun problème éthique, qu’il est même très répandu, qu’on le voit comme une victoire sur la mort, et comme un moyen efficace de « réparer les vivants », pour reprendre la formule de Maylis de Kerangal, une vraie question se pose cependant : jusqu’où l’homme doit-il aller, et jusqu’où a-t-il le droit d’aller ? Est-ce qu’en parlant de prolonger la vie, en sélectionnant les gênes, peut-être même en créant des clones pour se garantir un réservoir d’organes, ne sommes-nous pas déjà en train de franchir une ligne rouge qui n’est évidemment pas souhaitable ? On ne cesse de nous parler aujourd’hui de sauver des vies, ce qui est un signe. Le marché du transhumanisme va s’étendre au secteur de la santé, et la tyrannie de la vie l’emportera évidemment sur la peur de la mort. Le corps souffrant est un motif traditionnel en peinture principalement à travers la Passion du Christ. Ce thème s’élargissant aux hommes nous conforte dans une forme d’effervescence scientifique, celle de la Renaissance qui alimente une peinture pédagogique, au centre de laquelle prouesses et découvertes médicales sont mises en valeur, notamment les investigations anatomiques qui cherchent à comprendre le fonctionnement du corps humain. Nous nous sommes calqués sur ce modèle, et il ne nous paraît pas absurde de développer des technologies qui permettront de soigner un aveugle et de lui rendre la vue, ou de soigner un paralytique et de lui rendre la liberté de marcher.

 

Prenons un autre exemple avec la Leçon d’anatomie de Tulp de Rembrandt. Celle-ci donne à voir une dissection publique autorisée par l’Église. La position centrale du corps et la blancheur cadavérique attirent le regard, mais le peintre attenue la violence de la représentation en dissimulant partiellement le visage dans l’ombre. Il n’est donc pas question de choquer le spectateur, mais plutôt de louer la curiosité scientifique ainsi que le talent du chirurgien et du peintre qui, par l’expertise du geste médical et artistique, dévoile la perfection du corps humain. Continuons : au fil du temps, les corps souffrants ou réparés se dépouillent de l’idéalisation et s’éloignent des canons esthétiques pour se montrer dans leur matérialité. Dans le tableau, datant de 1929, de Christian Schad, le regard en plongée de L’Opération, dévoile avec froideur et réalisme la chair ouverte de l’opéré, paraissant dépossédé de son propre corps, devenu ici centre d’attraction de tous les regards. Le corps souffrant qui se laisse voir de l’intérieur devient à la fois fascinant et inquiétant. Prenez encore comme exemple l’autoportrait de Frida Khalo, La Colonne brisée. Celle-ci met en scène la souffrance physique et psychique de son corps meurtri par un grave accident lui ayant causé une fracture de la colonne vertébrale, et qui a nécessité le port d’un corset de plâtre pendant plusieurs mois. Parsemée de clous et scindée en deux, la figure n’est plus tout à fait humaine et relève de la monstruosité. On retrouve aussi des travaux sur le corps dans la photographie contemporaine, qui va d’ailleurs plus loin dans la révélation des meurtrissures du corps réparé et marqué à jamais. Paradoxalement, les traces de la réparation, dans un premier temps impressionnent, et apparaissent comme des courbes, des lignes qui racontent l’histoire d’un être reconstruit. Aussi, nous nous sommes habitués à cette idée de réparer les corps, de prolonger la vie ; cette idée est même devenue même souhaitable et morale pour l’ensemble d’entre nous. On imagine donc forcément un marché dominant, voulu et considéré comme une nécessité morale, même s’il prend un double risque, déjà, celui de transformer le corps humain en un objet marchant, et aussi de créer une inégalité entre les riches et les pauvres. Restera-t-il encore une once d’humanisme dans tout ça ? L’humanité survivra-elle au transhumanisme ?

 

La dégénérescence de l’humanisme est causée par l’abandon des valeurs transcendantes et l’incapacité de l’homme à surmonter un phénomène survenu au XIXe siècle qui est celui de la mort de Dieu par la création de nouvelles valeurs. Dans son grand œuvre, Ainsi parlait Zarathoustra, Nietzsche invente un sage des temps modernes, dont le nom est ironiquement inspiré du sage iranien Zoroastre, fondateur du monothéisme, que Nietzsche veut désormais dépasser. Au commencement, Zarathoustra descend de sa montagne pour annoncer aux hommes la nécessité de créer de nouvelles valeurs et de transcender l’humanité, car la mort de Dieu et l’effondrement des valeurs philosophico-religieuses risquent de plonger l’humanité dans le marasme. Zarathoustra tente d’enseigner aux hommes à devenir des surhommes, à dépasser les valeurs humanistes qui ont fait leur humanité, et à créer de nouvelles valeurs surhumaines. Mais ce que Zarathoustra enseigne surtout, c’est le surhumain, même si Nietzsche suppose que ce dernier n’a encore jamais existé. La surhumanité en revanche, s’oppose à ce surhumain, qui est un homme qui s’est dépassé. Cette surhumanité que Nietzsche nous enseigne, est confondue aujourd’hui par les hommes modernes avec le transhumanisme Comme si la transhumanité pouvait être de la surhumanité, alors qu’elle est en réalité tout le contraire.

 

D’ailleurs, dans le texte, la foule en délire, écoutant Zarathoustra sans rien comprendre à ses mots, lui demande ce surhomme, alors même qu’elle n’a pas compris dans quel bois il a été fabriqué. Zarathoustra, comprenant la méprise de la foule, décide donc de leur montrer l’inverse du surhomme : le dernier homme. Et voilà ce que Nietzsche écrit : « Malheur ! voici venir le temps où l’homme ne pourra plus mettre au monde d’étoile. Malheur ! voici venir le temps du plus méprisable des hommes, celui qui n’est plus capable de se mépriser lui-même. Voyez ! Je vous montre le dernier homme. »

 

On voit là combien Nietzsche est moderne. En effet, les hommes d’aujourd’hui ne sont-ils pas ces derniers hommes, notamment les transhumanistes qui rêvent de supprimer la maladie, la souffrance, la mort ? Transhumanistes qui se prennent désormais pour Dieu, littéralement. La première caractéristique du dernier homme n’est-elle pas de ne croire en rien ? Sa deuxième de penser qu’aucune transcendance n’est possible ? La troisième de cligner l’œil, d’un air entendu, comme si cela allait de soi ?

 

« Amour ? Création ? Désir ? Étoile ? Qu’est cela ?

- Ainsi demande le dernier homme et il cligne de l’œil », écrit Nietzsche.

 

D’un air entendu donc, les derniers hommes clignent l’œil, et se montrent toujours convaincus que ce qu’ils prônent est le modèle indépassable du développement de l’humanité. Pourtant, quoi de plus méprisable que ce qu’ils sont devenus, et quoi de plus méprisable que leurs misérables aspirations ? Plus méprisable encore, ils croient ne plus avoir ni Dieu ni maître, alors qu’ils se comportent tous comme des moutons. Nietzsche écrit à ce propos : « Point de berger et un seul troupeau ! Chacun veut la même chose, tous sont égaux : qui a d’autres sentiments va de son plein gré dans la maison des fous. »

 

On doit sûrement en déduire que les derniers hommes sont très mesurés et s’économisent sans cesse. Ils peuvent toutefois se montrer très excessifs aussi, parce qu’ils n’ont aucune valeur qui ne les retiennent dans leur colère ou dans leur désir. Leur amour de la santé fait qu’ils n’ont que de petites colères et de petits désirs. Nietzsche l’exprime ainsi : « On se dispute encore, mais on se réconcilie bientôt – car on ne veut pas se gâter l’estomac. [...] On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit : mais on respecte la santé. »

 

Alors, bien sûr, sous prétexte que l’on cherche à améliorer l’homme, à le rendre parfait, on brouille les repères, on augmente la sécurité et la surveillance, (on l’a notamment vu durant la pandémie du Covid-19), on assure les hommes en les couvrant contre les risques, on les assure et les garanties contre les problèmes de la maladie. Des entreprises privées récupèrent des informations très précises sur chacun d’entre nous pour augmenter la surveillance, voyez déjà les GPS qui sont déjà des outils de surveillance ; votre smartphone écoute vos conversations et vous propose des publicités en rapport direct avec vos goûts ou préoccupations du moment. Tout doit être contrôlé pour une vie meilleure, voire pour une vie parfaite. Le progrès technologique, dont l’irrésistible ascension ne permet plus aucune critique, devient progressivement, avec la collaboration des entreprises et des États, un instrument de dictature. Le Nouveau monde, avec cette Silicon Valley se transformant en un nouvel empire mondial sans égal, qui s’immisce dans la vie de chacun, remodèle nos repères et notre art de vivre, remodèle l’humain en promettant un homme parfait, tout en le menant vers le post-humain, moment où il ne sera plus humain mais plutôt une machine comme une autre, développant aussi et par ailleurs, des soldats surpuissants sous la forme d’armes autonomes, bref, si Nietzsche existait aujourd’hui, il y a fort à parier qu’il détesterait ce Nouveau monde, qu’il condamnerait le transhumanisme, car les hommes d’aujourd’hui ne recherchent pas le surhomme, pas plus qu’au XIXe siècle d’ailleurs. Ces hommes-là ne cherchent pas à créer de nouvelles valeurs, pour retrouver la supériorité de nature qu’ils avaient sur tout le règne animal, avant le phénomène de la mort de Dieu. En réalité, ces hommes-là préfèrent se contenter d’une petite différence de degré et acquérir, par la science et la technique, une vie un peu plus confortable, plus longue, plus épurée de tout ce qui est grand, et donc dangereux...

 

Conclusion (provisoire) : On ne peut agir sur le corps de l’homme sans d’abord penser une bioéthique, ce qui est indispensable pour penser les limites de l’intervention médicale et sauvegarder la dignité de l’homme. Outre le corps comme objet de soin, il est aussi sujet. Il expérimente la souffrance physique à laquelle s’ajoute la souffrance psychique. Le traumatisme d’une maladie ou d’une mutilation est alors une lutte pour la vie qui échappe à l’investigation médicale. Nous qui sommes déjà plongés dans l’ère de l’augmentation, avec les prothèses que sont nos ordinateurs, nos smartphone, l’intelligence artificielle qui nous assiste, etc., gardons cela bien en tête...



Voici le robot humanoïde le plus réaliste au monde



En ouverture :

affiche d'Enki Bilal

 

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[1] Voir à ce propos l’article dans Silicon : https://www.silicon.fr/linternet-objets-brasser-milliers-milliards-dollars-89903.html

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