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Kafkaïaque ! Grandeur et misère de cette société de consommation

Alessandro Mercuri est un curieux bonhomme ; un jour rencontré au café de Flore, à Paris, il m'a remis un curieux livre, qu'il va me falloir qualifier le petit livre rouge d'Alessandro Mercuri, tant sa critique en règle de notre société de consommation, si elle n'est pas communiste, et au moins, aussi dure et impartiale qu'aurait pu l'être tout communisme qui se respecte. Cette recension est parue dans le Magazine des Livres, numéro 20, de novembre et décembre 2009. Elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.

 

alessandro mercuriCet ovni dans le petit monde de l'édition, publié chez l'excellent Léo Scheer, à la fois jubilatoire, politiquement incorrect, noir et cynique, ne livre pas son mystère d'un revers de main. Ni roman ni essai, ce court texte de 140 pages environ, se veut un portrait au vitriol d'un ordre mondialisé qui a définitivement cessé de répondre de lui-même. S'attaquer au géant Coca-Cola, décidément, il fallait le faire ! Le transformer en ordre mondial néfaste et terroriste, il fallait le vouloir ! Que nenni, vous répondra l'auteur. La guerre a été déclenchée par le géant américain lui-même à travers la prédiction funeste prononcée par l'oracle français Patrice Le lay : « Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau disponible. » Sentence insupportable ressassée en boucle jusqu'à l'écœurement à l'époque, c'est-à-dire 2004, la révélation fracassante s'est peu à peu transformée, au cours des années, en aphorisme cynique pour altermondialistes effrénés. Alors quoi de neuf sur la guerre économique et commerciale qui sévit dans nos cerveaux malades ? Eh bien, c'est tout le sujet du livre d'Alessandro Mercuri. Loin de répéter les nombreuses inepties qui ont souvent fleuri sur le web et ailleurs, à propos de l'inqualifiable Le Lay qui avait, manifestement, ce jour-là, pété un plomb, l'auteur de ce livre sans concession, philosophe et cinéaste par ailleurs, voulant frapper fort, n'hésite pas à élargir son débat pour égratigner au passage, l'ensemble du monde marchandisé.

 

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 Sans pitié ni sucre ajouté.

Voilà ! Le slogan du livre est scandé ! On vous a averti dès la page de couv'. Donc pas moyen de retourner en arrière. Vous tenez en vos mains le nouveau petit livre rouge du vingt et unième siècle qui affiche toute l'ambition nécessaire pour affronter les géants qui écrasent les êtres humains de ce nouvel ordre mondial : homme marchandisé, société de la communication unilatérale, cerveaux formolisés, religion discréditée, etc. Certes, il vous reste le cinéma français qui fait encore un peu de la résistance. Pas de pétrole mais des idées. Mais enfin ! Pas pour longtemps ! Puisque voilà que la pornographie, cette métastase du siècle, telle une onde de choc à haute portée, envahit tout : ciné, télé, et toutes ces nouvelles technologies qui, formant les mass medias, ne font que rappeler de près ou de loin « l'avant-garde technologique nazie […] prémonitoire d'évolutions futures. » Oui ! C'est un petit livre qui ne paraît pas bien optimiste. Aux accents plus cyniques que fatalistes, on ne peut pas lui reprocher toutefois de manquer d'humour et de tonus. Dans cet univers psychédélique, nous sommes promenés entre mort de Dieu, fin de la culture, aliénation des masses (par les) médias, technologie d'auto-destruction, mondes virtuels...

alessandro mercuri

Cette recension dans le Magazine des livres

 

Sur fond de monde absurde, en forme de labyrinthe kafkaïen, Alessandro Mercuri se fait le conteur d'un monde, parvenu à son apogée, dont la fin prochaine s'annonce à grand renfort de situations absurdes, de transgressions, et d'impostures... D'aucuns accuseront l'auteur de paranoïa aiguë. Mais l'on ne pourra qu'excuser celui-ci. Son humour, et son côté anarcho-psychédélique décalé font de son livre un vrai moment de plaisir. Et l'immersion dans ce monde délirant peut même nous rendre un peu la vue...

  

(Texte établi à partir de Kafka Cola, Léo Scheer, 2009.)
alessandro mercuri(Chronique parue dans Boojum-mag.net, nov. 2009 et
le Magazine des Livres n°20, nov-déc. 2009.)

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