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« Lisbonne, ville ouverte », le récit d’une ville en 1940

En pleine crise migratoire, le journaliste et critique de cinéma Patrick Straumann s’intéresse à la position de Lisbonne face à tous les réfugiés de guerre, en 1940, et sa décision d’ouvrir ses portes aux juifs qui fuyaient la terreur nazie, lorsque, après la chute de Paris, on ferma tous les ports méditerranéens. Lisbonne, ville ouverte est l’histoire de cette issue de secours, cette ultime porte vers la liberté, racontée à partir de documents et de témoignages historiques. Cette chronique est parue dans la revue en ligne Boojum. Elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir


lisbonne ville ouverte.jpgLorsqu’en 1940 Paris tomba aux mains des nazis, la dernière porte de sortie fut Lisbonne qui offrait cette dernière chance de fuir une Europe en guerre, en traversant les Pyrénées, dans l’ultime espoir de prendre place dans un navire partant vers New York ou Rio de Janeiro.

 

Que faire face à l’afflux des réfugiés ? Comment Lisbonne réagit-elle devant une vague si importante de migrants ? Quelle a été la position du dictateur Salazar devant ce nombre considérable de Juifs qui passaient ses frontières pour trouver refuge un temps dans son pays, et embarquer dans le premier bateau en directions des Amériques ?

 

Patrick Straumann a tenté de revisiter cette histoire de Lisbonne, qui demeure largement oubliée aujourd’hui. C’est une double injustice qu’il répare,  historique et morale, en montrant dans Libsonne, ville ouverte — qui mêle récit familial, ou plutôt digression familiale et histoire — comment Lisbonne en 1940 s’est transformée en une porte de sortie de l’Europe pour un nombre important de réfugiés politiques de toutes origines, d’apatrides, d’anonymes, mais aussi pour des intellectuels connus, ou des artistes comme Man Ray, Julien Green, Hannah Arendt, Jean Giraudoux, Jean Renoir, Antoine de Saint-Exupéry…

 

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Rua da Betesga (1940) Lisbonne, Histoire De La Photographie, Les Plus Belles

 

Mélange de textes et de photos d’époque, le récit de Patrick Straumann retrace l’itinéraire des réfugiés, ainsi que celui de son grand-père juif polonais naturalisé Suisse, qui a lui aussi « entrepris un voyage aller-retour à New York en passant par la capitale portugaise », montrant également le destin des autres réfugiés, comme par exemple comment Hannah Arendt, réfugiée au consulat des États-Unis, trompent les longs jours d’attente en déchiffrant les manuscrits de Walter Benjamin, ou pourquoi Koestler se donne la mort dans son hôtel à Lisbonne, en s’empoisonnant, car la rumeur courrait que le bateau de son épouse, l’artiste plasticienne Daphne Hardy, avait été coulé, et avec eux le manuscrit de Zéro et l’infini.

 

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Le chef d'oeuvre d'Arthur Koestler

 

Lisbonne se retrouve donc, pour la seconde fois, au centre du monde occidental, la première ayant été au XVIe« à la suite de la découverte du Brésil et la route maritime vers les Molusques. » Dans cette ambiance particulière, Patrick Straumann fait revivre la mémoire, et montre que « la solidarité et la capacité d’accueil dont la population de Lisbonne a fait preuve à l’égard des réfugiés s’inscrivent dans une histoire plus discrète, mais tout aussi vivante et manifeste ».

 

On peut donc saluer cette entreprise de réhabilitation historique.

 

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L'écrivain Patrick Straumann, pour «Lisbonne ville ouverte»

 

Patrick Straumann, Libsonne, ville ouverte, Chandeigne, mai 2018, 176 page.

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