Paris, la Capitale qui capitule… sans Capitole !
On l’appelait autrefois, cette capitale, la « Ville Lumières ». Combien d’écrivains et d’artistes venus de tous les pays, arrivèrent à Paris pour y trouver refuge ? Dès le XIXe siècle, Paris attirait les artistes, et de grands noms se mêlèrent aux Parisiens, tels Picasso, Chagall, Miller, Kerouac, Hemingway, Joséphine Baker, etc. Et en philosophie, il y eut Bergson qui, comme tous les enseignants de cette discipline, remonta de Province à Paris pour y finir par aller chercher son étoile jaune, alors qu’il était gravement malade et atteint d’un prix Nobel de littérature. Le jaune à Paris ? Hidalgo n’a pas apprécié les Gilets Jaunes et, le 19 mars, parlant de leur manifestation à Paris, elle déclara sur RTL : « Il faut sortir de ce cauchemar », comme si cette mairesse avait fait de Paris un rêve ! Cet article a été écrit à quatre mains avec Emmanuel Jaffelin, philosophe, essayiste, et auteur de Célébrations du bonheur, paru chez Michel Lafon (dont j'ai eu l'occasion de parler dans ces pages.) Cet article est paru dans le site du magazine Entreprendre. Le voici désormais en accès libre dans l'Ouvroir.
La stupidité du XXIème siècle
(5ème partie)
La liste serait trop longue à dérouler. On connaît aussi les sempiternels « non, ce n’était pas mieux avant ! ». S’il est certain que les gens qui nous rebattent les oreilles avec leur vieille leçon de morale ont raison, force est toutefois de constater, que ça n’est pas non plus très réjouissant maintenant. Sous Louis XIV, son ministre Jean-Baptiste Colbert, tenta par tous les moyens d’endiguer la criminalité qui gangrenait la ville. Il nomma alors Gilbert Nicolas de la Reynie lieutenant général de la police en 1667 ; et, cet ingénieux chef décida alors de mettre en lumière les coins les moins bien fréquentés. Ainsi, pour éviter que les voyous se cachent dans les ruelles sombres, il installa des lanternes et flambeaux sur la plupart des axes et demanda aux habitants d’éclairer leurs fenêtres à l’aide de bougies et lampes à huile. Lumières, lumières ! Quand tu nous éclaires, tu fais également des ombres ! Cette lumière tapa dans l’œil des visiteurs.
Et qu’offre Paris à un touriste en 2022 ? Quelle Lumière peut l’éclairer ? Il croise des Pickpockets (piqueurs dans les poches) dans les transports en commun, dans les musées, dans les rues; il constate les tentes quechua qui fleurissent un peu partout; il peut assister à des violences aux personnes; et constater des dégradations et des saletés (y compris dans les arrondissements les plus luxueux); et croiser des crackeurs (fumeurs de crack) ; et voir des nuisances ; et ne pas supporter des terrasses de café bruyantes la nuit ; voir des vélistes et trotinettistes qui roulent n’importe comment, et partout, notamment sur les trottoirs au mépris des piétons, etc.
Le Café de Flore, Boulevard Saint-Germain
Promenez-vous boulevard Saint Germain, vous n’y croiserez pas une seule figure connue[1]. Autrefois, on flânait le long des brasseries comme le Café de Flore ou Les Deux Magots, et on avait le plaisir d’y côtoyer des célébrités françaises et de se mêler à une clientèle de qualité. Aujourd’hui, Paris désertée par ses forces vives, c’est un tourisme Easy-jet qui a remplacé ce qui faisait jadis le charme de la capitale, la femme chic et l’homme élégant. All is easy, even to shit on the Elysées!
La saccage de Paris n’est qu’à son commencement. On apprend que la maire veut faire abattre des arbres centenaires au pied de la Tour Eiffel ! Si Eiffel le savait, il se manifesterait ! La rue de Rivoli se trouve condamnée en tant que rue pour laisser place à une flopée de cyclistes qui roulent de manière erratique. Des magasins ferment, même dans les quartiers les plus chics. Et de nombreux monuments sont laissés à l’abandon, à l’instar de L’hôpital Joe Hill, une clinique pour enfants désaffectée, avenue Junot, dans le XVIIIe arrondissement de la Capitule !
L'Institut de France, 23 Quai de Conti
Lorsque nous avons connu autrefois (hier et avant-hier) la capitale, nous nous demandons donc, amers, si ce cauchemar s’achèvera un jour ? L’abandon pur et simple des rues, livrées à la saleté et aux sans-abris, la violence et les manifestations tous les samedis, polluant la vie des citadins et faisant naître un légitime sentiment d’insécurité; nous comprenons donc moins pourquoi et comment des touristes étrangers se risquent encore à venir à Paris ; en revanche, nous comprenons plus aisément les raisons pour lesquelles de nombreux parisiens décident de quitter cette» ville pour aller vivre en banlieue en Province, ou à l’étranger !
Le capitole est l’une des 7 collines de Rome. Paris est une capitale qui capitule sans colline capitole ! Et elle est une ville pitoyable[2] où l’on ne rit pas.
La colline du Capitole est aussi légendaire que sacrée
puisqu’elle raconte l’Histoire de la fondation de
la Ville éternelle et fut le centre religieux de la Rome antique.
Ic, la colline du Capitole, avec le monument à Victor-Emmanuel II. (Photo DR)
Cet article est paru dans le site de la revue Entreprise sous le titre : Paris : le saccage n’en est qu’à son commencement !
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[1] Sauf les deux auteurs de cet article qui s’entête à méditer à saint germains-des-prés
[2] Au cours des deux derniers siècles, Paris a fait l'objet d'appellations familières déconcertantes : Pantin, Pantruche, Pampeluche, chez les faubouriens et les mauvais garçons, puis Paname à l'orée du siècle dernier. Désormais, la « capitale qui capitule sans capitole »
Commentaires
J’ai connu un Paris que les gens de ma génération regrettent amèrement. Quand j’étais étudiant et revenais chez moi après avoir refait le monde avec des amis de fac, au milieu de la nuit, je traversais à pieds la ville sans aucune crainte et au contraire y goutait un charme spécial. Il n’y avait pas de tags ni de personnages prêt à vous insulter ou égorger pour une cigarette ou un portable (ça n’existait pas ) et les touristes semblaient rassurés. Les pelouses du Champ de Mars étaient interdites et ainsi parfaitement entretenues et il m’est arrivé plus d’une fois, il y a une ou deux décennies, d’aller y faire des jogging et d’y croiser des joggeuses, le tout sans l’ombre d’une inquiétude, même à la nuit tombée.
Même sans être un partisan du « c’était mieux avant », il faut reconnaitre une effrayante dégradation accélérée. J’ai vécu plus de 45 ans dans cette ville. Y retourner aujourd’hui, comme cela m’arrive souvent, est devenu une épreuve très difficile.
La saleté, l’insécurité, l’incivisme et l’inesthétisme sont les 4 piliers de la politique d’hidalgo. Un vrai désastre !
Sous Hidalgo, Paris est devenue une ville de l obscurité
Le jeu de mots est amusant, mais à cela on opposera quelques chiffres : de juin à août 2022, 9,9 millions de touristes ont visité la capitale d'après le baromètre de l'Office du tourisme et des congrès. Le mois de juillet a été particulièrement bon, avec un taux d’occupation hôtelier qui a atteint 79,5 % dans Paris intra-muros, soit 0,5 point de plus qu’en 2019.
En tout, quelque 12,6 millions de touristes français et internationaux ont visité la capitale et sa région Île-de-France. La première destination touristique en France est Eurodisney. Autrement dit, les touristes ne visitent pas le (vrai) Paris que vous décrivez, mais quelques monuments et lieux utiles pour faire des selfies partagés dans les réseaux sociaux et un divertissement parfait pour continuer à faire des selfies. Il est vrai qu’on ne croise plus beaucoup de personnalités littéraires ou artistiques connues mondialement Paris, mais y en a-t-il encore ?  Les gens font la queue devant les hôtels pour apercevoir un DJ ou un modèle et le photographier, ou pour manger un croissant ou un macaron. Paris a changé, mais il a changé aussi parce que les touristes ne viennent pas dans la ville lumière. Ils passent deux ou trois jours (vu le prix démentiel des hôtels et leur rapport qualité/prix) dans une ville musée qui a le statut d’un fond d’écran pour leur narcissisme.
Le marché de la rue Ordener, j'habitais au dessus des studios d'ou sortaient les affiches en bois peints des cinémas, la loterie nationale en face, le métro et les beaux sièges en bois vernis, l' ascenseur en bois avec sa roue et ses fers forgés, le drugstore des champs, l'époque ou sortir n'était pas source de danger, époque ou la ville était propre avec une âme, ou la vie était agréable....mais ca c'était avant
Une question : qui a placé Mme Hidalgo à la mairie de Paris 2 fois de suite ?….
Du reste les autres grandes villes de Province commencent à suivre le chemin question délabrement insalubrité incivilités saletés, j’en passe et des meilleures !….
Très bon article ! Réalisme et tristesse, où est le Paris qui nous faisait rêver ?!