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S’interdire d’aimer par amour ou aimer le temps d'un festival ? (Domtille Marbeau Funck-Brentano)

Lorsque j'ai reçu ce roman d'amour, au-dessus duquel le fantôme de Wagner plane en permanence, j'ai été aussitôt enchanté. J'ai alors demandé à rencontrer, l'auteur, et c'est sont attachée de presse qui a organisé un déjeuner chez elle. De cet amour à mort, de ces couples maudits en littérature, nous retrouvons dans le court roman de Domtille Marbeau Funck-Brentano sur fond de symphonie wagnérienne, l’histoire d’une double passion, amoureuse et lyrique. Cette recension est d'abord parue dans la revue en ligne Boojum ; elle est désormais en accès libre dans l'Ouvroir

 

 

domitille.jpgComposée juste près Les Fées, le premier opéra achevé de Wagner, La défense d’aimer, ou la novice de Palerme revendique nettement l’éclairage particulier que l’artiste entendait donner à la célèbre comédie de Shakespeare lui servant de modèle.

 

Hommage à Wagner

Dans une forme de jeu de miroir et de mise en abyme, ce roman en plusieurs actes et un livret documentaire, entend reprendre l’opéra de Wagner comme fond sonore à un drame amoureux moderne.

 

« La musique, écrit Jean-Claude Casadeus en guise de préface à ce beau roman, peut éveiller en chacun de nous les résonnances de nos propres sentiments. Elle provoque des manifestations sensorielles et affectives, frissons, larmes, joie, bien-être, excitations, angoisse ou apaisement. »

 

Verliebt in Bayreuth

Cette histoire est celle de la jeune Domitille, qui, en 1978 obtient une série de billets pour le festival de Bayreuth. C’est ainsi que « tout commence à gare de l’Est », puisque Domitille se rend à Bayreuth en train.

 

« Depuis mon plus jeune âge j’ai grandi dans l’amour de Wagner. Mes poupées s’appelle Brünnhilde, Freta, Woglinde et mon chat Siegmund. »

 

Aller à Bayreuth pour écouter Wagner ou pour Patrice Chéreau lui-même ? La fête, l’alcool, les spectacles s’enchainent et l’on retrouve quelques artistes, parmi lesquels il on compte un chef d’orchestre qui est l’ami de Domitille, accompagné de son épouse. Mais Domitille s’amuse à des jeux de son âge. Elle joue à l’amour passionnel : fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis avec un écrivain célèbre, Fasolt dans le roman, dont elle tait le nom (à vous de trouver !) qui écrira en 1980 un assez beau roman sur le festival de Bayreuth au temps de Patrice Chéreau.

 

« Je n’ose pas sortir. Je n’ai qu’un souci : éviter de croiser le regard de Fasolt. Je ne vais pas lui permettre de deviner mon émotion. Je la trouve impudique voire indécente. Mes larmes m’appartiennent. [...] Celles que Wagner m’autorise à verser ici émanent de la beauté, elles s’estompent dans le silence. »


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Richard Wagner, au soir de sa vie

 

Un amour de jeunesse

Reprenant alors le titre de cet opéra de jeunesse de Wagner, l’auteur nous conte le récit d’un amour de jeunesse, une forme de parenthèse amoureuse, vécue sur quelques jours de folie festivalière.

 

Domitille se laisse à la fois séduire et en même temps résiste à la séduction. Elle s’interdit d’aimer. Elle s’interdit d’aimer par amour pour cet écrivain, dans les bras duquel elle finira par tomber.

Tomber donc amoureuse, le temps d’un festival, alors que les amis prennent des noms de héros wagnériens.

 

Les couples se font et se défont sur des notes de musique wagnérienne.

 

Les couples se font et se défont sur des notes de musique wagnérienne

Mais comme les histoires d’amour trouvent toujours une fin, surtout si ce sont des amours de vacances, le couple que Domitille forme avec cet écrivain se défait, et, laisse derrière lui un souvenir doux, presque tendre, empreint de Wagner et Chéreau.

 

Voici donc un récit de vie rapporté par la mémoire dans lequel, tel La rose pourpre du Caire, les personnages sortent du spectacle et prennent leur part dans l’existence ordinaire, au point de transformer le récit initial, de modifier quelques petites choses du spectacle lui-même. Ils montrent également, que tout récit de vie rapporté, devient, par le truchement du matériau noble de la mémoire et de l’imaginaire, un récit (ré)inventé, le seul vrai récit très probablement. Inutile donc de rechercher ce qui est de l’ordre du vrai ou du faux à propos de tel ou tel écrivain, tel ou tel personnage, puisque l’art de l’artiste ici, a pour principe de réécrire selon son cœur et son intuition créatrice, suivant la source de son inspiration, guidée essentiellement par la musique et l’amour.  

 

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Avec Domitille Marbeau Brentano à Paris, en octobre 2019

 

 

La Défense d'aimer de Domitille Marbeau Funck-Brentano, L'Harmattan, coll. « Amarante », juin 2019, 146 p.

 

En couverture, La défense d'aimer de Wagner à l'Opéra National du Rhin

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