Michel Houellebecq, le devoir d'être abject

Écrit en 2005, alors que Michel Houellebecq faisait mauvaise presse, mais des tirages énormes, par cet article, je voulais faire un premier point sur une oeuvre naissante, dont l'une des premières facettes (pour ne pas dire facéties) étaient de nous révéler à nous-mêmes les graves symptômes, proches de la psychiatrie parfois, d'une société de consommation, libérale et sans complexe, que nous voulions confondre avec une réelle promesse de bonheur. Littérature tirant du côté de la sociologie, plus que de la littérature elle-même, les romans de Houellebecq, que l'on disait réactionnaires (voir à ce propos Le rappel à l'ordre, de Daniel Lindenberg), étaient une critique à charge et sans concession de la libéralité sexuelle, d'une société hobbesienne et darwiniste, révélant au grand jour la langue de bois des démocraties, que nous parlions tous. Politiquement incorrecte, j'avais senti à la sortie de son deuxième roman, Les particules élémentaires (1999), que la gauche culturelle n'appréciait pas beaucoup les provocations et transgressions de ses tabous dont cette oeuvre naissante se rendait coupable. Il n'en fallut pas plus pour moi pour me mettre en quête de comprendre ce qui était fort, voire dérangeant, incontournable dans cette oeuvre qui était une sorte de poil à gratter postmoderne, à travers ce très long article, qui a d'abord trouvé une place dans le numéro 17 du Journal de la culture, en 2005, puis, relu et augmenté, dans un recueil d'articles intitulé Les Âmes sentinelles, que j'ai fait paraître aux éditions du littéraire, en 2011. Cet article est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.