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Slavoj Zizek, Que veut l'Europe ?

Depuis son premier ouvrage, La subjectivité à venir, publié aux éditions Climats, nous connaissons Slavoj Zizek pour sa pensée novatrice, son regard critique et cynique jeté sur l’Occident, et précisément sur l’économie de marché qui tend à envahir récemment la pensée et la culture. Chronique parue dans La Presse Littéraire, numéro 1, de décembre 2005. La voici désormais en accès libre dans l'Ouvroir.

slavoj zizek, Jorg Haider

Slavoj Zizek est déjà
l’une des voix majeures du débat sur la post-modernité, car sa pensée est forte, en ce sens qu’elle se présente comme une grille de lecture pertinente de notre époque trouble et complexe, et plus encore qu’elle offre un univers conceptuel riche, volontiers dérangeant et très souvent provocateur, sans jamais manqué de lucidité ou de finesse, tant sa lecture est aiguë et rigoureuse à propos de notre ère dans le corpus philosophico-politique actuel.

 


Ce nouvel opus signé Zizek ne dément d’ailleurs pas la sulfureuse réputation du philosophe de l’
Europe de l’Est. Son livre, qui parait d’ailleurs à point pour décrypter la vraie énigme que représente l’Europe, pose une question clé : que veut-elle ? A-t-elle un objet ? Une finalité qui lui serait propre ?






Slavoj Zizek s’interroge autour de cette Europe précisément celle de l’Union européenne, dont l’identité culturelle risque d’être profondément menacée par « l’« américanisation » culturelle comme le prix à payer de leur immersion dans le capitalisme global. »

slavoj zizek,jorg haider

Une personne tient deux bulletins de vote sur fond
de drapeau européen en vue du référendum de 2005


Or, sa thèse est la suivante : le monde nouveau qui s’annonce et dans lequel nous entrons est global, pas universel. Cet ordre nouveau, nous ne devrions pas le nier, car nous ne perdrons rien dans ce nouveau monde à venir des particularismes dans lesquels chacun trouve une place bien définie. La globalisation ne menace pas les particularismes, elle ne menace que l’universalisme.

 

De fait, « la véritable opposition aujourd’hui n’est pas celle existant entre le Premier Monde et le Tiers-monde, mais existant entre la Totalité du Premier Monde d’un côté, le Tiers-monde (l’Empire global américain et ses colonies) et le Second Monde restant (l’Europe) de l’autre. »

 

Il s’agit donc de penser l’Europe. C’est ce que Slavoj Zizek tâche de faire en quelque deux cents pages comme autant de pistes à suivre, sentiers noueux par lesquels notre vision des choses ne peut être que modifiée, transformée par sa fine capacité à poser les bons problèmes. Et il nous met en garde : il faut être sévère à l’égard de la vision de l’Europe telle qu’elle est envisagée par nos élites politiques : Que veut l’Europe ? Comment faire pour qu’elle ne débouche pas sur une arrogance à l’américaine ? Un dialogue extrêmement critique avec ce projet s’impose. Car comment se permettre de critiquer les États-Unis sans critiquer dans un premier temps l’Europe ?

slavoj zizek,jorg haider2

Les français disaient Non à l'Europe au referendum du 29 mai 2005

 

Pour cela, il s’agit de « penser radicalement ». Ce qui semble impossible aujourd’hui selon Slavoj Zizek dans l’état de la démocratie actuelle.

                                                         

« A l’instant où l’on présente le plus petit signe d’engagement politique dans un projet politique entendant remettre sérieusement en question l’ordre existant, la réponse fuse immédiatement : “Aussi chargé de bonnes intentions cela soit-il, tout cela finira nécessairement par un nouveau Goulag !”»

 

Dans la veine de son précédent ouvrage Plaidoyer en faveur de l’intolérance, dans lequel  Slavoj Zizek émettait l’idée que ce dont nous avons aujourd’hui besoin en priorité, c’est d’une forte dose d’intolérance, particulièrement si l’on souhaite élaborer une critique pertinente de l’ordre présent des choses, par ce nouvel opus, il pose un certain nombre de bonnes questions : sommes-nous en guerre, et avons-nous un ennemi ? Pour quelles raisons adorons-nous tous détester Jorg Haider ? Comment et pourquoi Vaclav Havel a abdiqué face à la logique du capitalisme ? Comment pouvons-nous nous approprier l’histoire européenne d’une manière radicalement nouvelle ?

 

slavoj zizek,jorg haider

Jacques Chirac a reçu le président de la Commission européenne,
José Manuel Barroso, le 26 août 2005 à l'Elysée

 

Bref, un nouveau brûlot signé d’un penseur hors du commun. Zizek, un style, une voix à écouter et à méditer d’urgence…

 

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Slavoj Zizek, Que veut l’Europe ? Réflexion sur une nécessaire réappropriation, Climats, Paris, mai 2005.

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