Sartre ou Heidegger. Philosophie de l'angoisse
Je vais tenter d’exposer le double visage de la phénoménologie de l’angoisse. Celle de Sartre et celle de Heidegger, dont j'ai abondamment parlé dans ces pages.
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Je vais tenter d’exposer le double visage de la phénoménologie de l’angoisse. Celle de Sartre et celle de Heidegger, dont j'ai abondamment parlé dans ces pages.
Jusqu’ici, le Dasein refusait d’affronter la mort de face, mais il lui était nécessaire de sortir des vapeurs rassurantes du « On » pour accueillir en soi, dans sa solitude et son arrachement au monde des illusions, la liberté de la mort que Heidegger assimile à une passion. Est-ce pour souligner la nuance de passivité inhérente au passage de l’inauthenticité à l’authenticité, et l’idée de vive intensité inhérente à la passion de la vérité ? Il semble qu’on ne saurait résister dans cet élan spontané, à accueillir la liberté, ou plutôt la libération, qu’accorde la compréhension véritable de la mort. Cette compréhension est alors ouverture vers son « soi », c’est-à-dire son authenticité. J'essaye de creuser cette difficile réflexion dans la philosophie du penseur allemand, pour l'Ouvroir.
Si donc tout est structuré comme un langage (idée qui sera reprise par le psychanalyste Jacques Lacan au XXe siècle lorsqu’il parlera de l’inconscient), il faut considérer que le langage ne dit rien d’extralinguistique, mais, qu’au fond, le langage se dit lui-même. Heidegger va, à la suite de Nietzsche, attirer l’attention sur les liens entre les options constitutives de la métaphysique et la représentation traditionnelle de la langue, afin de réviser les rapports entre langage et pensée. Petite méditation contemporaine en cette période de cacophonie générale. En accès libre dans l'Ouvroir.
Probablement est-ce aussi, parce qu’en ayant abordé l’analytique existentiale sans en passer par le cogito, Heidegger parvient, d’une part à se sauver de l’échec sartrien du solipsisme, mais d’autre part, à ouvrir le Dasein à une insigne compréhension du monde et de lui-même. C’est à présent ce que nous allons démontrer.
Si l’on fait en permanence l’épreuve de l’existence, en l’éprouvant dans notre chair, rien en revanche ne prouve sa nécessité ; menacée par le temps, elle est par là même inséparable de la possibilité de sa fin, et de la possibilité de la mort. Voici donc, pour l'Ouvroir, une petite réflexion mêlant Levinas et Heidegger.
Les célèbres « Cahiers noirs » du philosophe allemand commencent enfin à paraître en français, dans une traduction de François Fédier et Pascal David. La polémique a immédiatement repris de plus belle.
Nous avons vu jusqu’ici que le Dasein, à la différence de tous les autres étants, existait. Il existe facticement, et il est déchéant. Vivant de manière inauthentique dans le bruit de fond du « ils », il lui faut faire une expérience de soi pour espérer se tirer de cette fuite en avant qui, en tant qu’évasion, fuite devant soi, n’est en réalité qu’une vaine échappée, dans laquelle il transporte l’ennemi qu’il cherche à fuir avec lui-même, c’est-à-dire « (s)on propre soi ». Voici la suite et la fin de cette longue étude, parue dans le numéro 11 des Carnets de la philosophie, d'avril 2010, proposée en trois parties en accès libre dans l'Ouvroir.
Il nous faut donc partir en quête de l’existence du Néant. Projet éminemment paradoxal si nous considérons que le Néant, ou le Rien, est ce qui « n’est pas ». Voici la suite de cette longue étude, parue dans le numéro 11, des Carnets de la philosophie, d'avril 2010.
L’introduction (1949) à la conférence de 1929 intitulée Was ist Metaphysik ? commence par circonscrire la métaphysique vue de son fondement. Pourquoi ? Une réponse détaillée et développée, dans cette longue étude parue dans le numéro 11 des Carnets de la philosophie, d'avril 2010. Je vous la propose désormais en accès libre dans l'Ouvroir, en trois parties.
Heidegger n’en aura jamais fini d’écrire sur Nietzsche. Après son mémorable ouvrage sobrement intitulé Nietzsche, voici une édition inédite autour de la très problématique question de la métaphysique dans l’oeuvre de l’auteur du Zarathoustra.
Dans l’odyssée philosophique heideggérienne l’angoisse a un statut spécifique[1]. Mais que vient donc briser l’angoisse ? Quid de l’angoisse (Angst) ? C’est cette disponibilité affective (Befindlichkeit) fondamentale dans laquelle se situe l’insigne ouverture du Dasein. Il est vrai qu’en toute situation nous retrouvons une « ambiance », c’est-à-dire une « atmosphère »[2]. Aussi, c’est le propre du sentiment de l’angoisse que d’être précisément une affection[3]. Dans cette expérience singulière, ce retrait des étants dans l’indifférenciation, on trouve l’expérience la plus importante de Sein und Zeit ; l’expérience charnière. Mais pour comprendre ce point, il faut commencer par éclairer ce que le philosophe allemand entend par « être-au-monde »[4]. Une formule appelant une double réponse : d’une part, que nous habitons au beau milieu de la familiarité – c’est-à-dire l’expérience de l’appartenance ; d’autre part, que nous risquons n’importe quand l’absolu dépaysement, l’exil, l’inquiétante étrangeté – l’expérience de l’isolement, de l’exclusion de toute appartenance, la rupture. Cette longue étude est parue dans les Carnets de la philosophie, numéro 17, de juillet 2011. La voici désormais en accès libre dans l'Ouvroir.
La mort est probablement l’un des thèmes les plus importants attaché à la philosophie de Heidegger. Certes, de nos jours, il n’est guère aisé de traiter du sujet, y compris philosophiquement. D’abord, parce que l’époque, plus qu’aucune autre, semble fuir l’ultime moment, – probablement trop pressée d’occulter ce qu’elle ne maîtrise pas, ou ce qui l’effraye. Est-ce le résultat d’une mort symbolique de Dieu qui, sur le mode prosaïque, n’a autrement engendré qu’une culture de masse fondée sur l’instant présent, et le matérialisme primaire ? Ne voulant donc s’acquitter d’autres valeurs transcendantes, comme la croyance, ou la spiritualité, par exemple, le sujet de la mort est traité tel un sujet tabou dans notre société contemporaine. Mais plus délicat encore, personne n’étant revenu de la mort, il est très difficile d’espérer parler, avec le minimum d’objectivité requis, d’un mystère aussi bien gardé. Cette longue étude est parue dans le numéro 14, des Carnets de la philosophie, d'octobre 2010. Elle est désormais disponible dans l'Ouvroir.
À la différence de Sartre, Heidegger ne dramatise pas l'angoisse, mais en fait une notion centrale et essentielle de son grand oeuvre. Cette longue étude est parue dans le numéro 15, des Carnets de la philosophie, en janvier 2011. Elle est désormais disponible dans l'Ouvroir.
La rédaction des Carnets de la philosophie, m'avait demandé d’esquisser, si j'ose dire, une compréhension partielle de la pensée de Heidegger à partir du socle fondamental de son œuvre avant le tournant (Kehre): l’ontologie. C'est ce que je crois avoir fait, même si ce travail demandera de la part du lecteur, une grande attention et un grand soin, pour avancer pas à pas dans cette oeuvre foisonnante. C'est bien sûr une lecture personnelle et partiale, et nul commentaire, aussi brillant qu'il soit ne dispensera personne de se reporter au texte même. Mais c'est un début qui peut être instructif pour le lecteur curieux. Cette longue étude est parue dans le numéro 10 de la revue, en octobre 2009, on pourra s'y reporter. La voici désormais accessible dans l'Ouvroir.
Dominique Janicaud a été mon maître, et mon professeur à l'Université de Nice Sophia-Antipolis. Neveu de Jean Beaufret, il entretenait avec Heidegger une relation très particulière. J'étais en 3e cycle lorsqu'il terminait de rédiger son Heidegger en France. Je me souviens qu'il m'en parlait régulièrement, et, à sa parution, je me suis procuré ce livre, dont toute l'obsession, si je puis dire, pour moi, était certainement inscrite en filigrane dans les deux tomes, et pouvait se résumer ainsi : la philosophie, dont on ne saurait tout à fait préciser l’essence, pourrait-elle être « dangereuse » ? Cet article est paru dans le Journal de la culture, n°16, en novembre 2005. Il est désormais en accès libre dans l'Ouvroir.